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Pour une nouvelle histoire de Québec (3/3)

Je vous disais hier avoir ouvert, samedi dernier, le 13, le premier salon des 13 sociétés d’histoire de Québec avec une conférence sur la question «Où s’en va l’histoire ?» Voici la dernière de trois parties du texte de mon aide-mémoire pour cette conférence. Des propositions pour un nouvelle histoire.

 

 

Le soldat dans notre vie dans une ville de garnison.  
Pas sous l’angle du soldat lui-même, déjà bien documenté, mais sous notre angle à nous.
Depuis ceux de Cartier-Roberval à Cap-Rouge en 1541-1543, des militaires de la Renaissance.
Les 2 ou 3 qui protégeaient, au Fort Saint-Louis, Champlain et Huault de Montmagny, les représentants du pouvoir royal français.
Le soldat qu’on hébergeait à la maison avant la construction des casernes.
La musique de fanfare, celle des cuivres, qu’on découvre dès les années 1760. La musique de groupe nous est venue des Anglais et des Écossais.
Nos filles qui fréquentent les « tuniques rouges », dénoncées par Pierre-Joseph-Olivier Chauveau.
Mon fils Voltigeur de Québec qui va faire le feu contre Louis Riel et les Métis.
Les concerts dirigés par Joseph Vézina, fondateur de l’Orchestre symphonique de Québec et lui-même militaire, et les parades militaires à la Belle Époque.
Les Royal Canadian Dragoons qu’on prend plaisir à motter en 1918 avant qu’ils tuent quatre des nôtres au coin de Saint-Vallier, Saint-Joseph et Bagot.
Les 1 200 ouvrières de la Dominion Corset qui chantent toutes ensemble du soldat Lebrun lors de la 2e guerre mondiale, mais que le proprio fait taire en imposant plutôt de la musique instrumentale dans les haut-parleurs de la manufacture.
Mon fils du 22e Régiment mort en Afghanistan.
Les festivals annuels de musique militaire depuis 1998.

Le monde de la récréation.
Le passage des loisirs d’été à ceux d’hiver.
Le euchre, le whist. Le violon.
Le patinage à roulettes.
La raquette. Le hockey.

La dynamique haute-ville basse-ville illustrée, par exemple, par les domestiques dans les maisons. Domestiques qui habitent la basse-ville, mais montent travailler à la haute.

Le passage de l’agriculture à la banlieue.
Ici, Sainte-Foy est maintenant demandé au parloir.

Un fleuve, des rivières. Comme ça.
Et pas que la Saint-Charles, la Cap-Rouge, la Montmorency. Même la Lairet et la Duberger.
Nous sommes habités par le fleuve et nos rivières.
Trouver un angle de traitement. Même des photographies actuelles pourraient avoir place.

Et tout cela, en sachant consulter aussi nos femmes et nos hommes d’ici qui ont écrit au fil des années.
Ne pas travailler qu’à partir de sources premières, mais aussi de leurs témoignages.
Nous attarder à nos manières, au fil du temps, de comprendre et de vivre notre quotidien, dans la région de Québec.
À ce qui nous est propre, ici, chez-nous.

Et je ne sais si vous voyez, ça nous amènerait aussi à trouver dans des documents de l’information nouvelle que nous croyions auparavant être des scories.

* * * * *

Et par la suite, que faire ?
Un arbre de Noël ou des arbres de Noël.
Il faut internet, les amis.
Se mettre à plusieurs.
Probablement un grand site.

Le papier, il n’y a plus d’espoir, faut pouvoir le reconnaître.
Encore cette semaine, on disait que, très bientôt, votre journal quotidien n’existera plus en papier.
Va falloir nous secouer les puces pas à peu près.
Moi-même, je n’ose imaginer que je vais lire mes journaux sur IPad en petit déjeunant.
Mais il le faudra bien, on a déjà délaissé la voiture à cheval pour l’automobile.
Les jeunes y sont, marchons dans leurs pistes.

D’ailleurs, vous n’avez pas, vous autres, l’impression que nous ne rejoignons plus nos jeunes ?
Nous sommes déphasés.
Et c’est à nous de les intéresser.
Sortons de notre roulette, allons à leur rencontre.

Création commune donc d’un grand arbre de Noël.
Nous nous y mettons toutes et tous pour y accrocher des boules.
Un grand site internet, ou quelques sites,
avec une jeune ou un jeune webmestre.
Peut-être même quelques jeunes éventuellement.
Le décloisonnement des sociétés d’histoire.
Une tolérance à l’égard des uns des autres.

Une démarche semblable serait bien nouvelle au Québec.
Quelque chose de bien nouveau, en se mettant à plusieurs.
Aucune ville n’a encore mis en place un pareil projet.
La nouvelle histoire.
Et l’occasion, il ne faut pas l’oublier, de proposer au monde entier notre histoire à nous, c’est ce que permet internet.

Et partir déjà des acquis de nos sociétés d’histoire d’ici.
L’historienne Denyse Légaré a produit un répertoire des dossiers et documents disponibles dans nos sociétés d’histoire à Québec, ainsi qu’un répertoire des vedettes-matières des articles publiés par nos sociétés d’histoire.
Et puis se réunir.

Écoutez.
Si jamais on se met ensemble avec l’envie de vraiment faire œuvre commune et d’imaginer quelque chose de neuf, ensemble, en particulier pour intéresser nos jeunes,
si jamais vous organisez deux ou trois rencontres de réflexion,
je suis partant pour y être.

Absolument comme vous, pour que nous y prenions plaisir ensemble, démarrer un nouveau chantier bien réjouissant.

Je ne sais si vous voyez, j’espère une toute nouvelle lecture de l’histoire de notre vie, une mise en commun de nos ressources et la participation de celles et ceux que ça intéresse.

On peut bien continuer à aimer l’histoire seul, chez-soi, comme moi, le soir, dans mes livres, dans mon salon, mais je pense que nous sommes «faits» si nous ne réagissons pas.
Lentement, nous dérivons, je trouve.

 

Il faut davantage. Nous n’osons plus depuis longtemps.

 

3 commentaires Publier un commentaire
  1. Bonjour!

    Quel heureux projet!! J’y travaille personnellement depuis quelques années! C’est-à-dire: je digitalise toutes les photos que je peux trouver chez mes parents, oncles, tantes, etc… J’y inclus ensuite à l’image, trois informations que je juge cruciales: soit: 1- les circonstances et l’endroit de la photo, 2-les noms des personnes et 3-la date si possible si non l’année.

    Je réalise aujourd’hui que seule ma mère (88 ans) est encore en mesure d’identifier ces photos… ensuite elle tomberont dans l’anonymat le plus total… Mais comme travailleur autonome, le plus grand ennemi de ce projet est le temps… Je dois prioriser le « pain quotidien »!!!

    Bonne journée!!

    18 octobre 2012
  2. Jean Provencher #

    Bravo de tout le soin que vous mettez à ces images d’autrefois ! Vous assurez ainsi la suite. Tant de familles ont accumulé des boîtes de photographies, où rien de ce que vous indiquez n’apparaît, même pas l’année. Ce qui fait que, malheureusement, ces documents perdent alors de la valeur. Je me rappelle; lors d’un de nos premiers cours en histoire à l’université, on nous disait, en forçant juste un peu la note, qu’un document non daté est sans valeur. C’est très vrai, en particulier pour un article de journal, où n’apparaît aucune date, non plus que le nom même du journal. Ça ne devient que du texte imprimé, « perdu dans l’espace ».

    18 octobre 2012

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  1. Pour une nouvelle histoire de Québec (2/3) | Les Quatre Saisons

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