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Tempête à Saint-Sulpice

Dommage que La Gazette de Joliette soit disparue en 1895, après 29 ans de parution. Dans un style concis et une langue colorée, cet hebdomadaire y allait souvent d’une manière très simple de décrire les événements et les hommes, nous donnant d’y être présents. En voici un exemple dans l’édition du jeudi 7 septembre 1893.

Gagnons Saint-Sulpice, une paroisse agricole tout juste à la sortie de Montréal, en aval de Charlemagne et de Repentigny. Nous voilà dans un couloir de vent le long du fleuve Saint-Laurent, de là le chapelet de moulins à vent, tout proches de l’eau, qu’on retrouvait alors à l’époque jusque dans l’estuaire.

 

À St Sulpice, les ravages de la tempête de la semaine dernière n’ont pas été considérables; cependant la pluie et le vent ont marqué leur passage. Les grains furent couchés, les ruisseaux débordèrent tellement que celui qui coule près de la beurrerie mina ses bords et le pont public qui le traversait fut emporté. Il y eut des déboulis assez considérables le long de la côte.

Un hangar appartenant à M. Grandpré fut renversé et près de l’école un bel orme qui avait bravé maintes tempêtes fut arraché.

Le vent emportait tout. Chacun courait au bord du fleuve amarrer ses madriers, ses chaloupes.

M. Chs. Robitaille n’est parvenu à retenir ses magnifiques chaloupes qu’à force de courage et d’hardiesse. Jamais tempête pareille ne s’est fait sentir à St Sulpice.

Le fleuve était couvert d’épaves de toutes sortes et, le lendemain matin, il était complètement couvert de billots échappés des moulins de Charlemagne. Plus de 50,000 pieds de bois étaient éparpillés sur le fleuve.

Le vapeur Chambly tenta trois fois d’approcher le quai, trois fois le vent l’en a éloigné. Il fut obligé d’attendre trois heures avant de pouvoir accoster.

Les passagers qui ne croyaient pas au mal de mer ont débarqué avec la certitude qu’on pouvait avoir le mal de mer même sur le St-Laurent.

 

On croirait y être. N’entendez-vous pas, vous aussi, le vent qui gronde, le bruit des vagues, le bois qui craque ou se cogne, et les conversations un brin affolées des populations ? On en aurait pris davantage.

L’illustration de ce vieux moulin à vent à Repentigny, photographié par Edgar Gariépy vers 1925, provient de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection initiale, Photographies, cote P600, S6, D5, P581.

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