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Passage d’un nouveau cirque à Montréal

L’été est la saison des cirques. Grâce aux chemins de fer, ils parcourent l’Amérique et vont de ville en ville. À la fin de juin 1905, voilà un nouveau cirque à Montréal. La Patrie du 29 juin en informe ses lecteurs.

 

Le fameux cirque Sells and Downs est attendu ce soir à Montréal. C’est, nous dit-on, un des plus considérables qui aient jamais visité notre ville, et la curiosité populaire pourra s’en donner à cœur joie.

Le cirque Sells et Downs est formé de deux cirques unis, et l’on peut juger de sa magnificence et de son importance, en songeant qu’il faudra deux trains de 42 wagons pour transporter ce soir à Montréal son énorme matériel.

Le spectacle vaut la peine d’être vu; l’immense succès qu’il a rencontré dans les diverses villes dans sa présente tournée en est une sûre garantie. Il y a toute une série d’attractions sensationnelles.

La ménagerie surtout est remarquable par le grand nombre et la variété de ses animaux sauvages. On ne manquera pas par exemple d’aller voir les cinq lionceaux qui sont nés au cirque, ces jours derniers à Halifax, et qui seront exhibés pour la première fois, à Montréal demain.

La population pourra d’ailleurs avoir une idée de la grandeur imposante du cirque Sells et Downs lors de la parade qui aura lieu demain avant-midi.

Le défilé partira des terrains du cirque, ferme Fletcher, au coin des rues Mont-Royal et avenue du Parc, à 9.30 heures, demain vendredi; il se formera sur la rue Mont-Royal, suivra l’avenue du Parc jusqu’à la rue Sherbrooke, de là à la rue Peel, et à travers le square Dominion jusqu’à la rue St-Jacques, le long du square Victoria jusqu’à la Côte St-Lambert, et sur la rue St-Laurent jusqu’à la rue Mont-Royal et aux terrains.

Immédiatement après la parade, il y aura une exhibition en plein air sur les terrains. Vendredi et samedi, le cirque donnera deux représentations par jour, après-midi et soir.

 

Le lendemain, 30 juin, autre nouvelle sur le cirque intitulée La parade de ce matin.

Le cirque Sells & Downs est arrivé ce matin, vers 3 heures, à la station du Mile-End, et a dressé immédiatement ses vastes tentes sur le ferme Fletcher.

Ce matin, de 9 heures et demie à midi, une foule considérable a assisté à la parade. Au milieu d’une double haie de spectateurs et parmi l’encombrement des voitures ont défilé un grand nombre de voitures luxueuses, contenant des ours, des lionnes, un tigre, un rhinocéros et maints autres animaux. Montées sur de jolis chevaux blancs, plusieurs amazones précédaient une longue théorie de dromadaires, de chameaux et d’éléphants. Plusieurs fanfares installées sur de hautes voitures, des chars romains, un orgue à vapeur, des bouffons, des écuyers, etc., faisaient aussi partie du long cortège, et ont été, comme le reste, fort admirés.

Naturellement, tous les animaux du cirque Sells & Downs n’ont pas paradé par nos rues; beaucoup et parmi eux, cinq lionceaux, nés récemment à Halifax, sont restés dans leurs cages, sous les tentes de la ferme Fletcher, où chacun pourra les examiner aujourd’hui et demain.

 

Et, finalement, les Montréalais apprécient, semble-t-il, la venue de ce cirque américain. La Patrie du 1er juillet écrit :

Le cirque Sells et Downs actuellement à Montréal est, sinon le plus considérable, du moins un des mieux dirigés et des mieux outillés qui soient venus ici.

Le public a pu en juger quelque peu, hier matin, par la magnifique parade dans les rues. Mais naturellement c’est aux représentations que l’on peut en avoir une idée juste. Celles d’hier ont attiré une foule immense et ce fut pour elle toute une surprise. On n’y donne rien de vulgaire et l’assistance a été réellement enthousiame [sic]. Les grandes tentes étaient remplies hier après-midi, et hier soir, et tous les spectateurs ont été enchantés de ce qu’ils ont vu.

Les costumes sont d’une grande richesse et tous les figurants de véritables artistes en leur genre.

Ils ont exécuté les différents articles du programme avec un brio qui a excité l’admiration de chacun et leur a valu de chaleureux applaudissements.

La collection de chevaux que possède ce cirque est une des plus belles que l’on ait encore vue. Il y en a 250 et des types les plus magnifiques.

La ménagerie, outre les éléphants, chameaux et dromadaires, comprend nombre de bêtes féroces, lions, tigres, léopards, panthères, hoyenis, etc.

Dans toutes les villes où est passé le cirque Sells and Downs, il a attiré les masses et si l’on en juge par cette première journée il remportera aussi un grand succès dans la métropole canadienne.

On peut voir aussi, dans les petites tentes d’alentour, de très captivantes attractions, de sorte que le side show n’est pas non plus à dédaigner avec ses géants, ses nains, ses charmeurs de serpents et autres curiosités.

Une mention spéciale aux lionceaux nés le 12 juin à Halifax, et qui ont exposés hier [sic] pour la première fois. Ils ont soulevé beaucoup d’intérêt.

 

Je ne sais si vous vous souvenez. À quelques jours de la visite de ce cirque à Montréal, le journal La Patrie avait écrit que des habitants de Sainte-Madeleine et de La Présentation, dans la région de Saint-Hyacinthe, se terraient dans leur résidence au début du mois de juin, car certains d’entre eux disaient avoir vu un tigre aux alentours. Le quotidien montréalais laissait entendre qu’il s’agissait d’un tigre échappé de la ménagerie du cirque Sells & Downs et avait même contribué à organiser une battue pour faire la chasse au tigre. Finalement, toute cette affaire tourna en queue-de-poisson. Après quelques jours, le journal devint muet et on ne retrouva jamais de félin dans la région. Ce qui nous porte à croire qu’il s’agit d’un cougar, une bête rare, mais vivant dans la région, et non d’un tigre.

Questions. Dans ces trois articles sur le cirque Sells & Downs maintenant, jamais le journal montréalais n’évoque cette histoire. Pourquoi ce silence si le journal croyait avoir raison au sujet de ce supposé tigre ? Par ailleurs, si le journal se montre si élogieux dans ces trois articles, est-ce parce qu’il a beaucoup à se faire pardonner pour mauvaise information ?

Le bouffon ci-haut est une création du sculpteur Gilles Matte, de Québec.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Pierre Campeau #

    M.Provencher:
    Qu’est-ce qu’un hoyenis?

    19 juillet 2012
  2. Jean Provencher #

    Bien bonne question, monsieur Campeau. Ma floppée de dictionnaires est muette à ce sujet. Mais à voir l’énumération dans cette phrase, j’ai l’impression qu’il faudrait que nous cherchions dans le rayon des bêtes fauves, des bien gros chats.

    19 juillet 2012

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