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Au temps des élections

À la fin du 19e siècle, quand des élections se tiennent, il est difficile d’apprendre les résultats du scrutin le soir même. Habituellement, au mieux, il faut attendre le journal du lendemain. Bien sûr, la radio n’existe pas encore.

Aux élections québécoises du mois de mai 1897, le Parti libéral, dirigé par Félix-Gabriel Marchand, remporte la victoire. À Montréal, La Patrie innove. Le quotidien invite les électeurs à se présenter devant ses bureaux pour connaître, la journée même, en soirée, sur écran géant, le résultat du vote.

À l’heure d’internet et des mille et une façons de transmettre aujourd’hui une information, cette illustration, qui paraît dans La Patrie du 12 mai 1897, peut apparaître d’une absolue naïveté. Mais, au moment où l’électricité vient tout juste d’arriver en ville, cette façon de faire constitue une véritable révolution. Et, manifestement, à voir cette foule, le public ne boude pas son plaisir. À Québec, un peu plus de 100 ans plus tard, avec son Moulin à images, le polyvalent Robert Lepage et son équipe s’amuseront avec un pareil procédé sur une enfilade de silos à grain. Mais il n’empêche, voici la première expérience en ce domaine au Québec.

 

Par ailleurs, attachées alors aux résultats des élections, on pratique toujours des manières de faire anciennes. Le 14 mai 1897, La Patrie raconte :

Les badauds de Ste-Cunégonde s’en sont donné à cœur joie vers 7 heures, hier soir, et pour cause. Deux hommes étaient à exécuter les conditions d’une gageure à l’américaine à propos des élections provinciales par laquelle l’un devait traîner l’autre dans une brouette ou se laisser traîner suivant les circonstances.

Le singulier équipage est parti de l’Hôtel de Ville, suivi d’une véritable procession de curieux et est passé par les rues Notre-Dame, Napoléon, Richelieu, pour revenir à l’Hôtel de Ville.

 

Et ces deux hommes ne sont pas les seuls à se promener ainsi dans la ville. La Patrie du même jour poursuit :

Un pari fait entre deux amis, un libéral et un conservateur, a fait sensation dans la partie Est de la division Ste-Marie, hier. L’enjeu était que le vaincu devait traîner le vainqueur, beau ou mauvais temps, dans une charrette et portant les couleurs libérales. Le vainqueur devait être en grande tenue, (froc et chapeau haut de forme).

Le convoi comique devait partir de chez M. Albert Dansereau, le populaire restaurateur de la rue Notre-Dame, passer par la rue Poupart, faire escale chez M. Jos Sarrazin, hôtelier, où là et alors on devait faire sauter une bouteille de champagne, ce qui s’est accompli de l’assentiment de tous les concernés.

De chez M. Sarrazin, on passa devant la résidence du nouveau député, le Dr Lacombe, et on revint par la rue Dufresne, jusqu’à la rue Notre-Dame chez M. Alex P. Lynch pour y prendre un cigare «Montréal». De là, il fallait revenir chez le vainqueur qui a fait couler de nouveau le champagne pour remplacer les larmes du vaincu. Celui-ci s’est montré un héros de résignation et a accompli sa besogne, sinon de gaieté de cœur, du moins avec la meilleure humeur du monde.

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