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Baptiste Canadien

Dites, ça vous dirait de sauter les rapides de Lachine en plein hiver, dans les glaces, avec un habile Indien de Kahnawake ?

Le 27 décembre 1899, le journal La Patrie y va de la nouvelle suivante :

Baptiste Canadien, le célèbre canotier iroquois de Caughnawaga, sautera les rapides de Lachine en canot, au premier de l’an. C’est une vieille habitude à laquelle il se garde bien de manquer. Baptiste Canadien aime bien les émotions que procure une descente dans les dangereux rapides.

L’Iroquois prétend que MM. Wotherspoon, King, Dawes et McLean, de cette ville, à l’emploi de la Canadian Composing Co., vont prendre place à ses côtés dans sa frêle embarcation.

Qu’est-il advenu, croyez-vous ? La Patrie du 5 janvier 1900 nous le raconte.

Lundi dernier, une foule nombreuse, venue des environs, avait envahi la Réserve [de Caughnawaga]. Elle désirait assister au départ du fameux Baptiste Canadien qui devait, ce jour-là, sauter les rapides de Lachine en canot. C’est tout un événement quand l’Indien prépare sa frêle embarcation pour la lancer dans les rapides écumants.

En effet, Baptiste Canadien n’a encore pu trouver personne assez téméraire pour l’imiter dans son aventureuse entreprise. Cet homme est d’une habileté et d’une bravoure inouïes.

Tous ceux qui ont eu l’occasion de sauter les rapides en bateau peuvent se faire une idée du danger que court celui qui a l’audace d’en affronter les ondes mugissantes. Le canot, qui bondit sur les flots agités, vole avec la rapidité d’une flèche. À tout moment, il risque de se briser sur les vagues géantes qui s’entrechoquent dans l’étroit chenal et, cependant, la main qui guide la frêle embarcation de l’Indien, ne faiblit pas. On dit que, dans les moments les plus critiques, […] la mort menaçante qui plane sur ces sombres abîmes attire l’audacieux qui va la provoquer. Baptiste Canadien pousse des cris de joie et d’allégresse. Il éprouve des jouissances poignantes dont il aime à remplir son âme.

Malheureusement, cette année, l’Indien n’a pu se payer le plaisir traditionnel d’une descente dans les rapides. Le froid intense qu’il faisait le 1er janvier l’a empêché de mettre son projet à exécution. Ce sera pour l’année prochaine.

 

Source de l’illustration : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Paul Provencher, cote : E6, S9, P159.

Il s’agit ici d’une photographie nous montrant Joseph Benoît, Innu de Bersimis, campé le long de la rivière Manicouagan, fabriquant au couteau croche un canot jouet pour son fils Jean-Marie en 1935. La photo est de mon oncle Paul Provencher, le coureur de bois.

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