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Bilan du jour de l’An

Lendemain du jour de l’An, grand jour social s’il en est un dans l’année, il m’a semblé nécessaire de dresser une sorte de bilan de cette journée. Quelques extraits dans la presse de l’époque.

À Lévis, la journée d’hier fut heureuse. Voyez ce qu’écrit le Quotidien de l’endroit, le 2 janvier 1895.

Plus splendide température ne pouvait être rêvée pour la visite officielle. Tout le monde semblait heureux hier de n’être pas affranchi de la traditionnelle poignée de main cérémonieuse et des souhaits l’accompagnant. Suivant une louable pratique que nous tenons de nos pères, la bénédiction paternelle se donne tous les premiers de l’an dans nos familles, bénédiction suivie des bons souhaits du père, et de la mère et des enfants entre eux. […] Tout l’après-midi durant a été consacré aux visites. Jusqu’au soir, les rues ont été sillonnées en tous sens par piétons et équipages. […] On s’aborde aujourd’hui dans la rue en se pressant la main; on fera ceci pendant huit, quinze jours encore peut-être, puis 1895, en vieillissant, nous entraînera d’autres soucis. Ainsi va le monde.

À Montréal, quatre ans plus tard, le jour de l’An semble moins fêté. Mais cela s’explique. La Patrie écrit le 2 janvier 1899 :

Il est évident que le Jour de l’An n’est plus ce qu’il était autrefois. Il se fait beaucoup moins de visites et il n’y a pas tant de remue-ménage dans la ville. Il faut dire aussi que deux raisons puissantes ont fait que le premier de l’an a été tranquille cette année. D’abord parce que la fête tombait un dimanche. Ensuite parce qu’il a fait hier un froid de loup. Ce dernier a modéré bien des enthousiasmes, a détruit bien des plans, a fait tomber bien des projets et empêcher bien de l’animation.

Les promenades en voitures n’ont pas eu, à cause de cela et à cause du manque de neige, la vogue des années dernières. On a beau dire, un jour de l’an sans neige n’est pas un vrai jour de l’an canadien et, si cela peut satisfaire M. [Percival W.] St-George, en sa qualité d’ingénieur de la ville, cela ne nous plaît pas à nous et, franchement, nous nous mettons à regretter les bordées de neige qui sont restées gravées dans la mémoire de la génération qui a précédé la nôtre. On s’attend cependant à ce que les visites soient très nombreuses aujourd’hui et durant toute la semaine.

Finalement, à Montréal, la journée s’est bien passée. La Patrie revient sur le sujet le lendemain, 3 janvier.

Le Jour de l’An tombant un dimanche a été surtout fêté hier par le gros de la population montréalaise. Hier a été pour ainsi dire la journée aux visites. La température était assez clémente, les rues présentaient un aspect animé. Les souhaits de bonne et heureuse année se sont entrecroisés toute la journée, accompagnés de la franche poignée de main traditionnelle. Nos concitoyens ne laissent pas tomber en désuétude la bonne vieille coutume des visites et des souhaits, lorsque le soleil d’une nouvelle année vient éclairer le monde.

À la ville comme à la campagne, dans tous les foyers canadiens, on célèbre le Jour de l’An avec des transports de joie. Le cœur parle ce jour-là et tout le monde est heureux. Voyez-vous, l’espérance fait le bonheur. Il n’y a pas jusqu’aux pauvres déshérités de la fortune qui encombrent nos refuges qui envisagent l’avenir avec un regard moins triste. Ils espèrent que la générosité des riches va grandir encore et qu’ils seront moins oubliés. Souhaitons que cette espérance se réalise ! La société St-Vincent de Paul a fait son devoir hier. Elle a distribué à ses protégés des vivres en abondance, et les foyers n’ont pas souffert du froid.

Toujours à Montréal, mais trois ans plus tard, le jour de l’An est bien célébré et le transport en commun fait des affaires d’or. Le correspondant du Soleil, de Québec, du 3 janvier 1902, écrit : Le tramway électrique a fait une journée d’affaire extraordinaire, mercredi, jour de l’An. Il a transporté pas moins de 125,000 passagers.

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