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Les sports d’hiver

En décembre 1899, la neige se fait attendre à Montréal. Dans un article intitulé Les sports de l’hiver, Jos. Marier écrit : Les amateurs de sport n’ont pas grand chose pour se divertir par les temps qui courent, mais ils ne perdent rien pour attendre.

Et Marier d’y aller du hockey, du patin, de la raquette, de la traîne sauvage et de quelques sports intérieurs. (billard, quilles, échecs, dames). En voici des extraits.

Au sujet du hockey, il évoque les futures parties disputées entre les clubs de la vieille ligue, soit Montréal, Shamrock, Victoria, Ottawa et Québec. Et il ajoute :

Avec d’aussi brillantes parties en perspective, il y a certes de quoi satisfaire les plus difficiles. À la vue de tout ce qui se prépare chez les hockeyistes, nous ne pouvons réprimer un soupir de regret, à la pensée que les clubs Canadiens-Français se trouvent exclus de toutes ces grandes luttes. Les causes de cette exclusion sont bien connues, et ont été suffisamment commentées dans nos colonnes pour que nous ne saisissions pas cette occasion d’y revenir. Contentons nous de dire que nous espérons que les leçons, qui nous ont été données cette année, seront une sauvegarde pour l’avenir, et que nos compatriotes prendront, une autre année, la place qui leur appartient, car s’il est un sport dans lequel les Canadiens-Français sont appelés à jouer un grand rôle, c’est bien le hockey, vu qu’ils sont en mesure de soutenir la lutte contre leurs adversaires, sans avoir recours à des joueurs d’autres nationalités.

Malheureusement, je ne saurais dire à quoi fait allusion Marier dans cet extrait. Quoi qu’il en soit, le patinage est très en vogue. Les amateurs du patin, qui se comptent par milliers à Montréal, ont, tout comme les admirateurs du hockey, une saison mouvementée devant eux. Les nombreux patinoirs de Montréal sont remplis tous les soirs, ce qui fait bien augurer des mascarades et autres démonstrations qui auront lieu au cours de l’hiver.

Au sujet de la raquette, l’auteur écrit : Nos gais raquetteurs se préparent, eux aussi, à passer plusieurs soirées agréables au cours de la saison d’hiver. L’absence de neige ne leur a pas encore permis d’aller prendre leurs ébats sur la montagne, mais il ne leur faut généralement que quelques heures pour organiser une sortie, et pouvons être certains qu’à la première tempête, nous les verrons escalader la côte des Neiges en grand nombre, faisant retentir les échos de leurs joyeux refrains.

La traîne sauvage, elle, perd des adeptes. Nous voulons dire un mot de la traîne sauvage, un beau sport qui, malheureusement, tend à disparaître, pour une raison bien simple. L’entretien d’une glissoire est fort coûteux et, comme les recettes en sont minimes, il résulte que l’on a peur de prendre en main l’établissement d’un de ces lieux d’amusements.

Ces extraits d’un article de Jos. Marier proviennent de La Patrie du 26 décembre 1899.

Source de l’illustration : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/detail/4074.jpg. Il s’agit d’une gravure parue dans L’Opinion publique, le 8 février 1883. La légende se lit ainsi : Le carnaval à Montréal. Glissades en traînes sauvages, au lieu dit La côte des Neiges — Concours de hockey — Courses en raquettes.

6 commentaires Publier un commentaire
  1. Christiane L. #

    On dirait que Jos Marier déplore l’inexistence, d’une ligue de hockey professionnelle pour les joueurs de langue française, les Canadiens-Français de l’époque.
    Mais je ne connais pas beaucoup l’histoire des premières ligues au Canada français.

    Christiane

    31 décembre 2011
  2. Jean Provencher #

    Vous avez bien raison, chère Christiane. Mais, à vrai dire, je ne sais trop à quoi fait allusion Marier précisément. Il dit que ce fut «suffisamment commenté» dans les colonnes de son journal, mais je n’ai pas vu passer cela, diable de diable.

    31 décembre 2011
  3. Normand Lacombe #

    Marc Durand de l’Émission « Tellement Sport » prépare un livre sur l’histoire des Bull Dogs de Québec. Peut-être trouvera-t-il réponse à cette question. Je me souviens d’avoir visité le Musée de Cobalt, une ville minière sur la rive ontarienne du Lac Témiscamingue et on fait état des équipes de Cobalt et de sa voisine Halleybury qui avaient chacune leur équipe dans la Ligue Nationale au début du siècle dernier. À ce que je me souvienne, il n’y avait aucun francophone dans ces équipes même si le Témiscamingue était une région à forte représentation francophone. Ce serait peut-être une certaine forme de racisme dont il est question par ce sous-entendu ?

    31 décembre 2011
  4. Jean Provencher #

    Je travaille à ce livre de Marc, cher Normand. Au sujet de ce texte de Marier, comme j’écrivais, ici, plus haut, à Christiane, «je ne sais trop à quoi fait allusion Marier précisément. Il dit que ce fut « suffisamment commenté » dans les colonnes de son journal, mais je n’ai pas vu passer cela, diable de diable.»

    Je ne sais si, avant décembre 1899, une équipe francophone s’est proposée pour faire partie des clubs de cette «vieille ligue», comme l’écrit Marier. Je ne sais si des joueurs de langue française furent refusés par ces clubs. En 1912 et 1913, quand les Bulldogs de Québec gagnent la coupe Stanley à deux reprises, il me semble que, sur les sept joueurs formant l’équipe (à l’époque, un club était composé de seulement sept joueurs), on retrouvait deux Québécois de langue française. À ce sujet, il faudrait que je vérifie avec Marc. Donc je n’ose encore parler de racisme relativement à ce texte de Marier. C’est à tirer au clair.

    31 décembre 2011
  5. Christiane L. #

    En cherchant un peu voici ce que j’ai trouvé dans le site de L’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française :
    « Ce n’est qu’en 1900 que des joueurs francophones ont été autorisés à concourir pour la coupe Stanley. Fait à noter, selon l’historien Michel Vigneault, l’arrivée des catholiques irlandais et français dans la compétition à Montréal était en grande partie due à leur exclusion des autres ligues par les anglo-protestants qui dominaient la province. Les Français et les Irlandais, unis par une religion et des rivaux communs, apprirent à jouer au hockey ensemble. Plus tard, de 1897 à 1909, alors que des catholiques irlandais de la classe moyenne jouaient pour les Shamrocks de Montréal, vainqueurs de la coupe Stanley, l’équipe s’est mise à accueillir dans ses rangs des joueurs francophones. Les Shamrocks ont aussi encouragé l’ascension de deux nouvelles équipes francophones au sommet du hockey amateur : le National et le Montagnard. »

    31 décembre 2011
  6. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, chère Christiane.

    1 janvier 2012

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