Une grande mascarade en plein carême
On raffole des mascarades. Et il ne faudrait surtout pas que se termine la saison sans une dernière, une spectaculaire. Même en plein carême ? Pourquoi pas. La mi-carême est l’occasion d’une pause en cette période de jeûne et d’abstinence. Le journaliste de La Patrie, du 13 mars 1901, nous dit qu’il s’y est bien plu. L’article a pour titre : Le fête de la mi-carême au Montagnard. Des milliers de personnes s’y rendent pour jouir d’un spectacle sans précédent.
Comme nous l’avions prévu, une foule compacte s’était rendue au Montagnard, en dépit d’une température désagréable et de chemins affreux, [à] cause de la récente tempête que nous avons eue ces jours derniers.
La mascarade d’hier dépassa en beauté et en originalité tout ce qui s’est vu à Montréal.
Les spectateurs présents s’attendaient évidemment à jouir d’un spectacle unique en son genre, aussi leur attente ne fut pas déçue, car, au dire de tous, ce fut une innovation, qui obtint un véritable triomphe, dont seuls les directeurs du Montagnard ont droit d’en réclamer la paternité.
Nous disons triomphe, parce que jamais nous avons vu une foule aussi enthousiaste et aussi empressée à manifester sa joie et son admiration par ses fréquents applaudissements. Ce fut surtout remarquable, lorsque le commissaire ordonnateur en chef, M. Henri Robert, revêtu d’un costume de circonstance, s’avança en tête de la procession.
Munis de trompettes et de lances, des gardes spéciaux précédaient le char principal, portant le grand patriarche Noé. Tout autour du char, on pouvait voir une pléiade d’ours noirs et blancs, des crocodiles d’une grosseur démesurée, des homards gigantesques, des singes épouvantables, enfin des animaux d’une rareté extrême.
À la suite du char principal, en venaient plusieurs autres de non moindre importance, portant également Sam, Cham et Japhet, personnifiant les races blanches, noires et jaunes. Une multitude de patineurs vêtus de costumes éblouissants formaient enfin la grande procession qui couvrait au-delà des trois-quarts du patinoir.
Après avoir fait deux ou trois fois le tour du rond, après avoir exécuté des marches et des contre marches qui donnaient le plus joli aspect, on retira les chars en un endroit spécialement réservé et, au son joyeux d’une musique entraînante, la mascarade proprement dite eut lieu. Il y avait tant de monde sur la glace qu’il nous était impossible de tout voir.
Cependant, nous avons pu remarquer certains costumes très originaux, tels que les trois frères Siamois (espèces de monstruosité représentant un homme à trois têtes et trois jambes); un général anglais en retraite (très réussi) et des quantités d’autres.
Enfin, comme conclusion, nous dirons que le clou de la soirée, comme exhibition grotesque, fut la promenade du corps de musiciens allemands du professeur Brown. Ce fut toute une révélation et le public en gardera longtemps le souvenir. […]
Étant donné l’immense succès qu’a remporté la fête d’hier, les directeurs répéteront probablement cet événement vendredi.
En conséquence, tous ceux qui ont participé à la procession sont priés de se rendre au patinoir ce soir, vers les neuf heures.
Constituée au temps où se fabriquaient des microfilms, cette image de la mascarade du Montagnard est accolée à l’article de La Patrie, du 13 mars 1901. Nous travaillons dans les archives, nous travaillons dans les archives, ce n’est pas la haute définition des années d’aujourd’hui. Plutôt la brume des ans passés.
Les gens d’avant étaient beaucoup plus à l’écoute de leur rythme biologique, c’est un peu plus difficile en ville en 2012…un jour j’ai fait un spectacle de patin pour la mi-carême de mon village,j’avais dix ans ,nous avions figuré ma bess et moi avec les costumes de ma soeur ainée, Arlequin et Colombine, j’étais qui vous pensez , et qui se souvient d’eux.
Causez un peu plus, chère Mildred, à ce sujet.