La récolte de la glace
En janvier, voici venu le temps de la récolte de la glace pour remplir les vastes glacières des villes, en vue de l’été. La récolte de la glace dure de sept à huit semaines. À Montréal, on prend la glace sur le fleuve, en amont du pont Victoria, ou sur la rivière des Prairies. À Québec, on cueille la glace sur la rivière Saint-Charles ou les lacs environnants. Mais la plus belle glace est celle qui se forme dans la baie de Beauport. À cet endroit, on peut voir jusqu’à 300 travailleurs en même temps extrayant la glace pour la compagnie maritime Allan, la compagnie de chemin de fer Pacifique Canadien, et de grands hôtels de Québec, comme le Château Frontenac, le Saint-Louis et le Victoria.
Çà et là, on voit des journaliers, armés de longues scies, qui découpent la glace en blocs. Le froid n’est pas l’ennemi du coupeur de glace, bien au contraire, mais ce travail n’est pas de tout repos. Le Quotidien de Lévis écrit le 8 février 1895 : Le froid n’a pas interrompu le travail des coupeurs de glace hier. Quelques-uns avaient leurs vêtements tellement gelés qu’on a été obligé de les ramener en voiture. La glace est magnifique et mesure plus de vingt pouces d’épaisseur (50cm).
Sortis de l’eau au moyen de gaffes ou de grosses pinces, ces blocs sont posés sur des traîneaux et apportés vers les glacières. À Trois-Rivières, dès le 10 janvier 1902, le journal Le Trifluvien écrit : En ce moment, on voit circuler sans cesse dans nos rues des traîneaux chargés d’énormes blocs de glace. Cela vaudra de l’argent au printemps.
Chaque ville a ses compagnies locales possédant de semblables entrepôts, à doubles murs et à doubles portes, conçues sur le principe des compartiments à glace aménagés dans les navires exportant la glace aux Antilles. Et plus la ville est étendue, plus il y a de glacières. En plein été, traverser la ville en voiture à cheval, chargée de blocs, à 30 degrés de température, ferait fondre complètement la glace. En période estivale, il faut donc pouvoir livrer rapidement la glace sortie d’un entrepôt.
Montréal a grand besoin de glace. Le 24 février 1898, La Patrie écrit : Montréal consomme chaque été 100,000 tonnes de glace, sans compter les brasseries qui en dépensent environ 50,000 tonnes. L’année suivante, le 18 février 1899, ce quotidien montréalais affirme : On estime que, avant la fin de mars, 150,000 tonnes auront été emmagasinées dans les différentes glacières publiques pour être vendues en détail durant l’été. L’année dernière, à cause des tempêtes de neige venues de bonne heure, la glace avait atteint peu d’épaisseur, et la récolte a été médiocre. Aussi la glace était-elle rare et chère, à l’automne. Toute la glace du commerce est censée être prise sur le fleuve, au-dessus du pont Victoria et des déversoirs d’égouts de la ville. À part cette quantité de glace récoltée pour le public, il faut dire que les brasseries, les chemins de fer et beaucoup d’établissements qui en font une dépense considérable font leur provision particulière. Le travail de la récolte de la glace est simple, mais demande du soin, surtout pour l’emmagasinage.
La gravure coiffant cet article provient du Canadian Illustrated News, édition du 20 mars 1880.
Une visiteure du site, Madame Louise Giroux, me fait parvenir cette photographie ci-bas et y ajoute ce commentaire : J’ai lu votre blogue sur la découpe de la glace sur le fleuve. Je vous transmets une photo de la glacière où était entreposée la glace à Beauport. Je demeurais en face. Cette photo a été prise après une tempête. Merci beaucoup, chère Vous.
Bonjour , mon grand-père fut le premier a couper la glace a la haut du vieux pont de Cartierville Antonio Laurin et a l’apparition de matière polluantes dans les glace il arrêta pour faire le commerce de la vente d’huile a chauffage dans Cartierville et les environs.
Ô, merci infiniment, cher Monsieur Hotte. Honneur à votre cher Antonio Laurin !
Bonjours, mon grand-père avait lui aussi un commerce de glace a Trois-Rivières.
Il fabriquait sa glace a partir de l’ eau d’ une rivière qui porte le nom de ma famille
soit Rivière Milette. Il utilisait un bâtiment pour conserver la glace et utilisait de la sciure de de bois pour qu’ elle ne fonde pas trop rapidement. Le commerce resta
ouvert une cinquantaine d’ années (1900-1950). Malheureusement le commerce a fondu comme neige lorsque les réfrigérateurs sont arrivés.
Cher Monsieur Milette, venant de Trois-Rivières, je me souviens très bien du commerce de glace de votre grand-père. J’étais petit gars, c’est certain, et nous avions une glacière et non un frigo, et je me demande même si le vendeur de glace qui passait où nous habitions rue Cartier, en particulier l’été, n’était pas justement à l’emploi de votre grand-père.
Merci beaucoup de votre témoignage.
Diable, vous m’obligez drôlement à remonter en arrière. Bravo !
Moi j’ai des photos de la récolte de la glace dans un étang à Danville dans les Cantons de l’est dans les années 40-50
Prenez-en soin, Monsieur Campagna, ce sont des pièces d’archives.
Daniel Milette
Après plus d`une année de silence, j’ ai le plaisir de vous annoncer que la ville de
Trois-Rivières installera bientôt une plaque commémorative à l’emplacement même de
la rivières Milette. Merci à notre conseiller municipal du district Ste-Marguerite Pierre A. Dupont pour la travail accomplit et de faire de la rivière Milette un endroit que l`ont se souviendra encore longtemps.
Daniel Milette
Bonjour M. Provencher,
Comme vous le savez, mon grand-père tenait un commerce de glace à Trois-Rivières (la rivières Milette). Où pourrais-je trouver de la documentation à ce sujet et aussi au sujet de la Villa Mon Repos (du lac du même nom)
dont l`histoire est étroitement liée je crois.
Merci
Bien belle initiative, Monsieur Milette. Bravo ! Pour la Villa mon Repos, il faudrait fouiller sur internet, il me semble avoir vu passer de la documentation. Regarder aussi du côté de Mgr Albert Tessier et du docteur Denoncourt (mais j’oublie son prénom). Bonne chance.
De pareils souvenirs me reviennent à la mémoire. J’allais sur le quai Pie IX à Montréal regarder des fiers travailleurs scier la glace en blocs pour les charger sur des camions et les transporter à la glacière.
Question: poids et dimensions de ces blocs ?A mon avis, ils avaient une dimension standard et devaient mesurer 36″ x 20″ x 24″ .
Merci de l’information
Bien chanceux êtes-vous, Monsieur Dupuis, d’avoir pu être témoin de la récolte de la glace. En effet, je crois qu’ils devaient tendre vers un format standard pour nos glacières. Mais je crois apercevoir dans la presse ancienne que, certaines années, aux hivers moins froids, ils devaient se contenter de blocs plus minces.
À Trois-Rivières, j’ai le souvenir du livreur qui passait par les rues avec sa voiture à cheval, l’été. Dès qu’il s’absentait pour une livraison, nous en profitions, enfants, pour lever le grosse toile protégeant la glace et voler un morceau à sucer. Mais je n’ai jamais su où on prélevait la glace. Était-ce à la rivière Milette ? Mystère pour moi.
Bonjour Jean.
À propos du Dr Denoncourt, il s’agit d’Avila Denoncourt, vieux complice de Mgr Tessier dans leur aventure de photographe sous l’appellation de TAVI, et, avec l’abbé Boivin, dans celle de leur création de Tavibois: T pour Tessier, AVI pour Avila Denoncourt, et BOIS pour l’abbé Boivin. Voir « Les Souvenirs en vrac » de Mgr Tessier publié au Boréal Express.
René
Ô, merci, cher René.
Je me souviens de la glacière chez ma grand-mère et du marchand de glace qui passait avec sa brouette dans notre rue et entrait en porter un gros morceau dans la glacière. Avec un pic, on s’en prenait une éclisse pour se rafraîchir. Quels bons souvenirs.
Quels souvenirs ! Bravo de leur garder une place dans votre mémoire et de les nommer.
Mon arrière-grand-père était marchand de glace et
distribuait les cubes portionnés aux propriétaires de glacières à Lévis.
On imagine fort bien la somme de travail pour récolter
et entreposer la manne glacée dans le brin de scie…
C’était dans les années 1905-1910….j’crois bien!
Je me rappelle que nous demeurions à Everell (en bas de cap de Beauport). Nous n’étions pas dans l’opulence, nous avions des pensionnaires. Ces pensionnaires étaient des travailleurs qui faisaient la glace sur le fleuve entre l’ile d’orléan et Beauport (région de Québec). J’étais au primaire et lorsque je revenais de l’école, il m’est arrivé que les hommes m’amenaient avec eux sur le fleuve pour le dernier voyage de la journée.
Le traineau tiré par de chevaux, chargé de bloc de glace, une poche de jute pour s’assoir et revenir à l’entrepôt. Puis c’était le souper.
Quel beau témoignage, Monsieur Doddridge ! Comme si nous y étions. Bien chanceux êtes-vous d’avoir vécu cela !
Merci beaucoup de nous l’avoir donné à partager.
Cher Mr Provencher je me souviens que lors de la livraison de glace par les ruelles de Montreal, étant petit gars nous allions voler des éclises de glace aussi du moment que le marchand disparaissait, on se pensait bien brave mais le marchand de glace devait rigoler s’il nous voyait
Nous avons donc vécu le même événement, Monsieur Beaulieu. Et vous avez bien raison, ces petits morceaux de glace que nous volions étaient d’aucun usage pour notre livreur de glace.
Merci beaucoup de votre témoignage.
Moi aussi j allais sur le fleuve chercher les bloc de glaces a EVERELL En 1956 .Je restais en bas de la cote Montreuille sur le terrain de la bricade citadel.
Formidable. Mais c’est où Everell, ça donne sur la baie de Beauport, non ?
Bonjour! dites moi, qui étaient ces travailleurs de la récolte de glace? Aussi, a-t-on une idée du salaire qu’ils gagnaient? il y a eu une grosse compagnie de récolte de la glace à Hudson jusqu’en 1959-1960. Je réside à Vaudreuil-Dorion.
Bonne réflexion, chère Madame. Ces hommes étaient sans doute des journaliers, heureux de trouver un emploi en hiver, une saison où le chômage est élevé et l’assurance-chômage n’est pas encore créée.
Mais je ne sais si quelqu’un, un jour, a consacré quelqu’énergie à documenter ce sujet magnifique.
Si quelqu’un connaît même un article un peu fouillé sur le sujet, prière de nous en informer.
Merci beaucoup monsieur Provencher. Votre réponse est fort appréciée.
Merci à Vous, chère Madame. L’idée est de travailler ensemble pour documenter des sujets intéressants.
bonjour
Je suis une française passionnée par l’histoire de l’exploitation de la glace naturelle en France au 19ème siècle.
Il existe actuellement les ruines des glacières de Sylans longues de 300 m en pierres.
Mon grand père ayant travaillé sur ce site, après plus de 15 années de recherches j’ai publié l’histoire de ces Glacières . Un parcours piétonnier permet la visite extérieure de ces bâtiments. Si cela vous intéresse je peux vous communiquer des photos anciennes de l’exploitation.
Le lac de Sylans est situé à 50 km de Genève département de l’ain
Nicole Bellenoix Collet
Volontiers, chère Madame.
Voyons voir.
Si vous me permettez mrs provencher de vous informer sur Everell, c’était
Momonrentcy autrefois mes Gran’s parent aussi hébergeait des travailleurs de la Olden et les chevaux étaient garder chez nous rue sauriol ma mère a tout ça en photos. Bonsoir
Conservez ces images précieusement, Monsieur Bissonnette, c’est un patrimoine.