Cette fleur est vraiment la plus populaire de l’été à ce jour

Tous les pollinisateurs s’y précipitent. Il s’agit de la Vesce jargeau (Vicia Cracca, Cow Vetch), appelée populairement, quasi avec mépris, la Jargeau.

Elle n’est pas d’ici, mais elle a trouvé en Amérique une terre à demeure. Reserrons son histoire d’un peu plus près.

Le biologiste-agronome Camille Rousseau (Histoire, habitant et distribution de 220 plantes introduites au Québec, Naturaliste canadien, no. 95, p. 95, 1968), écrit à son sujet :

Dès 1820, Holmes récolte cette espèce à Montréal. On la rencontre principalement dans les champs, les lieux vagues, les terrains cultivés de même que le long des routes et des ballasts de voies ferrées. Elle affectionne les terrains sablonneux et graveleux. Au Québec, elle est très largement distribuée et atteignait déjà la Rivière Saint-Augustin en 1915, ce qui a amené plusieurs auteurs à affirmer, à tort, qu’elle était indigène dans la partie septentrionale de son aire. […] Nous la considérons strictement comme une plante des régions froides puisqu’elle est rare au sud de la Nouvelle-Angleterre.

En 1749, cette plante est déjà présente dans la région de Québec. Le Finlandais Pehr Kalm dit qu’on l’appelle « herbe à grue » en suédois, et qu’elle pousse en de rares endroits [de la région de Québec] mêlée au foin ; on la voit cependant en abondance dans l’herbe du chemin, mais est assez petite. Voyage de Pehr Kalm au Canada en 1749, traduction annotée et journal de route par Jacques Rousseau et Guy Béthune avec le concours de Pierre Morisset, Montréal, Éditions Pierre-Tisseyre, 1977, p. 246, 305.

Au Québec, certains botanistes n’apprécient guère les plantes venues d’ailleurs — comme celle-ci arrivée sans doute d’Europe — et maintenant naturalisées. Mais, manifestement, les pollinisateurs, eux, qui ne participent pas au débat, sont fort heureux de sa présence.