Plantez des arbres…
des arbres, comme le pommier, le pommetier, le sorbier, appelé aussi cormier ou masquabina, et le pimbina (la Viorne à feuilles d’Aulne), des arbres qui offrent leurs fruits jusqu’en hiver et vous verrez voir arriver, si la chance vous court, des beautés semblables. Mais celle-ci est rare, car, nulle part, elle est abondante, même chez elle en Haut.
Voilà le Durbec des sapins femelle (Pinicola enucleator, Pine Grosbeak), heureux. Parti de la forêt boréale, il peut apparaître à l’occasion. Là où il vit, dans le Nord, l’oiseau est si peu en contact avec l’être humain qu’il n’imagine pas que nous puissions être dangereux et on peut l’approcher de très près lorsqu’il vient dans nos parages.
En 2007-2008, un groupe de huit, mâles et femelles, a passé l’hiver avec moi, mangeant du tournesol tombé au pied ou sur la galerie avant ! Mais c’est d’abord un oiseau à fruits ou à cônes de conifère. En ce moment, ici, elles sont six à huit femelles, allant d’un massif de fruits à l’autre et, lorsqu’elles auront dépouillé mon terrain, elles referont leurs valises.
La dernière fois où j’ai aperçu cet oiseau, le 6 novembre 2012, il était seul dans une bande de Merles d’Amérique, à dépouiller le grand pommetier. Mais, histoire triste, j’entends soudain un bruit étrange près de la maison, il venait de se tuer en se frappant dans une vitre. Ça m’a brisé le cœur.
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James M. LeMoine (Ornithologie du Canada, 1861) l’appelle le Gros Bec du Canada. «Avez-vous quelquefois entendu dans les bois, l’hiver, cette note sifflée, tendre et mélancolique, qui réveille seule par intervalles les échos de la solitude assourdie par les neiges, et qui se marie si bien au deuil de la nature ? C’est la voix du Gros bec des pins à la recherche des fruits du masquabina, du pimbina et des bourgeons de pins. Les paysans le désignent sous le nom de Pionne, et les anglais l’appellent quelquefois Ground Robin. Il se plaît dans les vastes forêts de l’extrême nord; les froids arctiques le chassent de ces latitudes; il vient passer l’automne et l’hiver en Canada et se met en route en avril pour la Baie d’Hudson, où il niche dans les arbres à quelques pieds de terre. […] Le Gros bec est très commun dans les environs de Québec; nous en avons remarqué une petite bande tout le mois de janvier dernier dans les grands arbres autour de notre demeure.»
C. E. Dionne (Les Oiseaux du Canada, 1883) l’appelle Bouvreuil du Canada, ou vulgairement Gros-bec des pins. «Cet oiseau s’apprivoise avec la plus grande facilité et devient même familier au point de venir prendre sa nourriture dans la main qui la lui présente. Il ne chante pas. » En 1906 (Les Oiseaux de la province de Québec), Dionne a changé son discours : «Son chant est doux et peu soutenu».
P. A. Taverner (Les Oiseaux de l’est du Canada, 1920) écrit : «Les notes ordinaires de cet oiseau sont d’une faiblesse et d’une finesse ridicules pour un gros oiseau, bien qu’on lui connaisse aussi un sifflement clair et retentissant. […] Ces oiseaux sont des hôtes irréguliers venant du Nord en hiver. Leur présence chez nous ne peut que rarement être prévue, bien qu’ils puissent apparaître dans n’importe quelle localité de l’est du Canada. Ils fréquentent les arbres conifères, mais ont aussi beaucoup de goût pour les petits fruits du frêne sauvage, du sorbier et aussi du sumac »
Dans L’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec (1995), Louis Breton est l’auteur du texte sur l’oiseau. Il écrit : «Le chant mélodieux du Durbec des pins rappelle celui du Roselin pourpré, en plus doux. Par ailleurs, le mâle imite, été comme hiver, le cri d’autres espèces d’oiseaux fréquentant essentiellement les mêmes lieux que lui; son vaste répertoire comprend des imitations du Pic chevelu, du Geai du Canada, du Merle d’Amérique et du Grand Chevalier.»