Le coiffeur de l’écrivain Edmond Rostand n’est jamais arrivé à lui tirer un traître mot
Parlera-t-il ?
Si Edmond Rostand vient aux États-Unis, les Américains verront, pour une fois, un Français qui ouvre peu la bouche durant le temps qu’il accorde à son barbier.
Le poète est le plus taciturne des hommes. Un barbier qui le rasa pendant 16 ans n’a jamais entendu le son de sa voix.
«J’ai essayé de tout, dit le malheureux barbier, pour le faire parler, mais il est comme un mort dans une tombe : politique, scandale, critique théâtrale, rien de lui fait ouvrir la bouche.
«Quand je deviens trop ennuyeux, il roule les yeux, sourit franchement, lève les épaules, mais ne parle pas.
«S’il ne parle pas bientôt, je lui couperai sa forêt de cheveux, et nous verrons bien si ça ne lui arrache pas un juron à la Cyrano, ou une exclamation qui fera coucher le soleil.»
La Patrie (Montréal), 5 octobre 1910.
On trouvera ici une entrevue d’Edmond Rostand, chez lui, près de Bayonne, par Adolphe Brisson.
