Une bien ancienne croyance point à nouveau
Le mois de mai 1910 au Québec est de pluie.
Pourquoi donc ? La tentation est grande de s’en prendre à la comète de Halley, qui est de passage. L’éditorialiste anonyme du quotidien montréalais La Patrie du 2 juin n’ose aller aussi loin, mais il hésite.
Nous nous étions trop tôt réjouis de l’arrivée hâtive du printemps. Si avril nous a gratifiés de beaucoup de chaleur et de soleil, le mois de mai, en revanche, a été froid et maussade comme un mois d’automne.
Au bureau météorologique municipal, on a compté qu’il a plu vingt-et-un jours durant le mois, et il a plu encore les deux premiers jours de juin. Le ciel perpétuellement nuageux, qui intercepte les rayons solaires, et le constant travail d’évaporation ont entretenu une température anormalement basse, défavorable à la végétation. Dans les provinces de l’Ouest, cependant, il est tombé, hier, de la neige, et les cultivateurs s’en réjouissent, affirmant que c’est le présage d’une abondante récolte.
Plusieurs n’ont pas manqué de se demander s’il existe une relation entre les présentes conditions atmosphériques et le passage de la comète de Halley. Mais, malgré qu’en 1833, au précédent passage de la comète, on ait relevé dans la température de surprenants caractères de similitude, les astronomes n’ont pas osée tirer de conclusion. La crédulité populaire a attribué à l’astre errant tant d’influences imaginaires, que les savants préfèrent observer une réserve prudente.
Quoi qu’il en soit, comme sous notre climat, la belle saison ne dure normalement que cinq ou six mois, en comptant le mois de mai, il est vraiment déplorable que le soleil tarde tant à nous sourire.
La Patrie, 2 juin 1910.