L’âge d’or de la carte postale

Ce petit morceau de carton proposant une image vit des années fastes, il y a un peu plus de cent ans. Et les collectionneurs sont nombreux. C’est la démocratisation de l’image. D’ailleurs, certains journaux ouvrent des colonnes pour que ces collectionneurs y laissent leur nom et leur adresse, espérant enrichir leurs albums.

Mais attention. «Les adresses avec pseudonyme seront refusées, ainsi que celles porte-restante.» Et les échangistes, peu scrupuleux, qui aiment recevoir des cartes sans eux-mêmes en donner seront mis hors-jeu. «Comme nous ne voulons pas nous rendre les complices de leurs larcins, nous suspendrons définitivement la publication de leurs adresses, dès que nous aurons la preuve de leur mauvaise foi » À bon entendeur…

L’hebdo L’Album universel offre même une chronique sur la carte postale. Par exemple, il s’arrête ici aux cartes postales aux contours dorés.

Cette série de nouvelles cartes est captivante au possible. Les tonalités de la couleur en sont généralement fort délicates. Les mauves, les violets, les lilas, les verts pâles, les jaunes atténués, chamois, crème, ocres très pâles, bleus délicats s’y marient agréablement et donne à l’ensemble de la carte un note Watteau, quand le sujet s’y prête, qui d’emblée captive le collectionneur.

Et rien de plus charmant que monsieur, madame et bébé. Évidemment, la famille en question […] se rend joyeuse à l’église pour faire baptiser le nouveau-né. Et cela se passe par une belle matinée de printemps, radieuse et promettant beaucoup de bonheur. Qu’elle est gentille cette carte ! À l’envoyer à un célibataire endurci, on obtiendrait sa conversion au culte social de l’hyménée. Vrai, avec leurs belles couleurs, leurs ors délicats, leurs devises sensées, ces cartes postales illustrées méritaient d’être signalées. Ainsi, c’est fait, et nous espérons bien que vous ne manquerez pas de vous en munir pour vos collections, ou pour celles de vos amis.

L’Album universel (Montréal), 2 juin 1906.