L’hiver fait causer

Nous le disions, l’hiver rend bavard. Régulièrement, quelqu’un quelque part veut y aller de sa contribution. Voici un texte qui étonne. Un écrit qui démarre avec une pensée pour les familles pauvres, devient poétique et, surprise, finit dans les conseils, en particulier pour les «pieds chauds».

Hiver

Mot triste pour les pauvres familles. Elles voient en perspective des souffrances provenant du froid et malheureusement aussi de la faim. Décembre nous a ramené l’hiver, comme dit le poète, avec

Sa couronne de houx toujours vert.

Les premiers froids sont toujours les plus sensibles et donnent un cachet tout particulier de douceur à celui qui peut se prélasser dans un bon fauteuil, au coin de l’âtre où pétille le premier feu de la saison. Ce premier feu est un événement dans la famille; la main qui l’allume donne le serrement d’adieu à la main chaude de l’été et l’accueil de la bienvenue à la pauvre glacée de l’hiver.

L’âtre où flambe ce premier feu est un autel sur lequel on sacrifie les doux souvenirs de l’été en se préparant aux rigueurs que nous réserve l’hiver qui s’avance. Le ciel s’est transformé, de lourds nuages chargés de neige et accompagnée d’un vent froid passent au-dessus de nos têtes et font trembler nos membres endoloris.

L’on était habitué à l’été, et il faut maintenant prendre de nouvelles habitudes, surtout faire attention à sa santé et éviter l’excès de boissons. Prenez une bonne nourriture, bien substantielle; couvrez-vous bien et surtout évitez les courants d’air. Vous pourrez alors passer l’hiver confortablement et jouir d’une très bonne santé. Un point essentiel est de se conserver toujours les pieds chauds.

Le Franco-Canadien, 10 décembre 1886.

L’illustration est parue dans L’Opinion publique du 14 janvier 1875. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Maisons».