Des traces, des traces
À chaque fois que vous touchez, vous laissez des traces. C’est là votre signature. À la fin du 19e siècle, on commence à penser que ces traces pourraient aussi servir contre vous. On imagine de nouvelles manières d’être certain de votre identité.
Nous avons parlé déjà du caractère immuable de l’empreinte du pouce On s’occupe sérieusement de cette découverte chez les savants d’Europe; car on aurait trouvé par là le meilleur moyen de s’assurer de l’identité d’une personne. Les passeports, par exemple, pourraient tous porter l’empreinte du pouce de la personne à qui chacune de ces pièces aurait été livrée.
Déjà dessiné avant la naissance, ce signe, aussi immuable chez un individu donné que variable d’une personne à une autre, ne disparaît que dans la décomposition ultérieure du cadavre.
La couleur des yeux et des cheveux s’altère, la stature se modifie, les formes de la tête, la longueur des doigts subissent des changements, l’empreinte des doigts — car la chose n’est point particulière au pouce — est immuable.
Nos chefs de police ne pourraient-ils pas mettre cette découverte à profit et obtenir par l’emploi d’encre d’imprimerie l’empreinte du pouce de chaque individu arrêté par les hommes ?
Cette collection de pouces et les précieux renseignements donnés par l’anthropométrie, — encore une invention française, — leur permettraient de déjouer les ruses des malfaiteurs de profession qui prennent tant de faux noms, ou des alias, comme on dit à la cour du recorder.
Quant aux galeries des portraits photographiques des malfaiteurs, qu’on trouve à présent dans la plupart des grandes villes des États-Unis et du Canada, il est bien rare qu’elles rendent de réels services.
Aujourd’hui ? Rien de mieux que l’acide désoxyribonucléique découverte au 20e siècle.
Question : les bêtes marchant à quatre pattes, disposant de coussinets sous les pattes, ont-elles de semblables empreintes ?
Source : La Patrie (Montréal), 6 octobre 1891.
