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Le tour de brouette

Une coutume politique populaire en 1900 est le tour de brouette. Au moment d’une élection, deux partisans prennent un pari : celui dont le candidat perdra le scrutin devra porter l’autre, dans une brouette, au vu et au su de tout le monde, sur une certaine distance.

Voilà qu’en mai 1897, au lendemain de l’élection à Québec du Parti libéral de Félix-Gabriel Marchand, qui dirigera un grand gouvernement, l’événement se produit à Victoriaville. Sous le titre «La brouette», L’Écho des Bois-Francs du 22 mai raconte.

Dimanche dernier, a été mis à exécution le fameux pari intervenu entre MM. Hector Dunn et notre populaire ami, A. Z. Pinsonnault, photographe. Il avait été décidé avant les élections, entre ces deux chauds partisans, que suivant l’issue de la lutte provinciale, le perdant libéral ou conservateur, serait tenu de conduire en brouette, de l’hôtel Perrault  à l’atelier de M. Pinsonnault, celui dont le parti serait au pouvoir.

Comme les libéraux sont vainqueurs dans la province, M. Pinsonnault a été obligé de faire honneur à sa parole. Vers les six heures, les deux parieurs étaient prêts et, aussitôt le signal donné, l’on partit. Une foule, attirée par la curiosité d’une telle originalité, suivait le cortège.

M. Dunn assis nonchalamment sur le modeste véhicule, tenait un pavillon rouge, tandis que M. Pinsonnault haletant, soufflant, mais tenace jusqu’au bout, poussait d’un pas rapide son adversaire triomphant. La scène offrait quelque chose d’intéressant.

Croyant donner plus d’éclat à cet événement, quelques jeunes avaient bien voulu mêler leur grain de sel. Nous devons cependant offrir des félicitations à l’un d’eux qui a montré assez de discernement pour faire comprendre que, dans la réjouissance, il n’est pas nécessaire d’insulter ses adversaires. Nous n’aimons pas à qualifier l’action des autres, vu que nous avons assez d’indulgence pour croire qu’ils sont tout à fait inconscients de la portée d’un tel acte, et que c’est plutôt par erreur de jeunesse.

Nous pouvons de plus dire que nous sommes dans un pays libre et qu’il n’est pas permis de ridiculiser les convictions d’autrui non plus que l’emblème de ces convictions.

 

On retrouve l’illustration publiée d’abord dans Le Monde illustré du 1er octobre 1898 sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Brouettes».

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