Skip to content

Les brises d’automne

Hier, je disais que Le Canada français de Saint-Jean-sur-Richelieu fait place au poète Albert Lozeau. Il donne aussi de l’espace au poète Louis-Joseph Doucet (1874-1959), originaire de Lanoraie, grand ami de Lozeau. Dans l’édition du 5 novembre 1909, extrait de Chanson du passant, de Doucet, publié en 1908 : «Les brises d’automne».

Et les brises d’automne, au sillon de la plaine,
Traînent des bois vaincus la dépouille et la mort;
Doucement, au couchant, avec des brins de laine
Perdus au soleil d’or, tournent des feuilles d’or.

 

 

Étant déshérités de leur gloire estivale,
Les bois tendent au ciel la pitié des bras nus,
Et leurs frissonnements, plaintifs dans la rafale,
S’élèvent en prière à leurs dieux inconnus.

 À cette vision nous sentons qu’en notre âme
L’espoir s’est imprégné des tristesses des ans;
Nos jours s’en sont allés, avec eux quelque flamme
De jeunesse : l’automne est si loin du printemps !

Adieu, riants bosquets ! adieu, gaieté des chaumes !
Votre charme a pâli dans l’horizon prochain !
L’âme du temps est morte, il n’est plus que les hommes
Pour dire que ce deuil ne sera pas sans fin.

Car les ombres du soir ont des chagrins moroses,
Elles ont des sanglots dans le faîte des toits,
Et les brises d’automne, en passant sur les choses
Chuchotent des regrets emportés des grands bois :

Elles disent les airs de nos gaietés perdues,
Vers les sentiers ombreux des jours d’autres étés;
De la musique éteinte aux branches presque nues,
Il nous reste les nids que l’âme a désertés.

Soufflez brises d’automne ! Aidez les feuilles mortes
Qui passent comme nous sur les gazons des prés;
Telles que les grillons elles vont par cohortes,
Nous ignorons pourquoi, dans leurs destins sacrés !

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS