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Le droit de vote des femmes au Québec n’est pas gagné

boite_scrutinLe 12 décembre 1893, La Patrie demande à des notables s’il faut désormais introduire le suffrage féminin. Manifestement, nous n’y sommes pas encore.

Voici ce que pense Hersélie Turgeon Marchand, l’épouse du futur premier ministre Félix-Gabriel Marchand :

Quand elle a accompli ses devoirs d’épouse et de mère, la femme ne peut disposer d’assez de temps pour étudier à fond les questions compliquées de la politique.

Je crois à son influence et à l’efficacité de sa participation dans les conseils des nations, mais je crois aussi que la meilleure manière d’exercer cette influence est celle de la femme forte de l’Évangile; son mari qui jugeait aux portes de la ville se distinguait par la sagesse de ses décisions.

Le pouvoir occulte de la femme instruite et éclairée a de tout temps produit ses bons effets et combien le rôle modeste d’Égérie convient à sa frêle et gracieuse organisation.

 

Le poète Louis Fréchette y va de ces quelques mots :

Le poids d’un tel fardeau sur de frêles épaules pourrait bien les faire ployer. Mesdames, croyez-moi, ne changeons pas de rôle : restez les anges du foyer !

 

L’écrivain et journaliste Arthur Buies, reconnu comme galant homme, écrit :

Tout le mérite et tout le prix de la femme consistent à différer le plus possible des hommes; alors pourquoi chercher à leur ressembler ?

Au reste, nous ferions un marché de dupes. Les femmes ont eu tous nos suffrages depuis l’origine du monde, et elles les auront toujours; mais nous n’aurons jamais les leurs.

Elles rempliraient les assemblées législatives, les tribunaux judiciaires, voir même les correctionnels, proh pudor [Ô honte] !

Et nous serions réduits à repriser les bas et à faire la sauce — elle aurait beau être piquante ! …

Pour l’amour du ciel, n’amoindrissez pas la femme au point d’en faire un électeur ou un député.

Elle est tout ce que l’homme aime encore et respecte. Ne le dépouillez pas complètement, le malheureux !

 

Le notaire, journaliste et propriétaire de journaux Joseph-Israël Tarte, originaire de la région de Lanaudière, ne tient pas du tout le même discours.

Vous me demandez mon sentiment sur le suffrage des femmes.

J’y suis favorable.

Il va sans dire que par femmes, dans ce cas-ci, il faut entendre celles qui ne jouissent pas du très appréciable avantage d’être sous puissance de mari.

J’ai vu le droit de suffrage exercé par les femmes, dans les affaires municipales, pendant vingt ans à Québec, d’une manière avantageuse pour les intérêts publics.

Le dernier recensement constate que, proportion gardée, il y a beaucoup plus de femmes que d’hommes qui savent lire et écrire dans notre pays.

À la honte du sexe masculin, force m’est de reconnaître que la femme est moins vénale que l’homme.

Je ne vois donc pas pourquoi, en saine politique, le sexe féminin ne prendrait pas, dans les affaires du Canada, sa part de responsabilité.

 

Au Québec, il faudra encore attendre près de 50 ans, soit jusqu’au 18 avril 1940, pour que les femmes obtiennent le droit de vote.

L’illustration provient de ce site.

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