Il y a un peu plus de cent ans, la neurasthénie est dite la maladie du siècle
Mais qu’est-ce que la neurasthénie ? Le médecin Charles N. De Blois, de Trois-Rivières, prononce une conférence sur le sujet à New-York. Le quotidien montréalais La Patrie y fait écho. Extraits.
La neurasthénie, introduite il y a à peine trente ans dans le vieux cadre nosologique, est une maladie du système nerveux, extrêmement répandue à l’époque actuelle, et dont la fréquence tend à s’accroître de plus en plus.
Ce n’est pas sans raison qu’on la nomme la maladie du siècle.
À la vérité, cette appellation n’est peut-être pas tout à fait juste, puisqu’il semble prouvé par certains auteurs que la névrose américaine de Béard a existé de tout temps et dans tous les pays.
Quoi qu’il en soit, notre époque est, comme on l’a dit, particulièrement féconde en neurasthéniques, et vous les rencontrez presque tous les jours, surtout dans les clientèles de ville.
Cela est dû sans doute aux conditions sociales actuelles, et à la lutte pour la vie, qui devient de plus en plus âpres de nos jours. Nous pourrions ajouter que l’hérédité neuro-arthritique, les intoxications, surtout l’intoxication alcoolique, auraient droit de revendiquer une large part parmi les causes déterminantes des dérangements nerveux qui sont le propre de notre temps.
Qu’est-ce que la neurasthénie ? La neurasthénie, dit Charcot, est un état de faiblesse irritable du système nerveux. C’est une névrose, c’est-à-dire une maladie nerveuse purement fonctionnelle; elle n’a donc pas d’anatomie pathologique. […]
Les veilles prolongées, le labeur manuel excessif, le surmenage intellectuel, les chagrins, les émotions, les passions tristes, les grands traumatismes (accidents de chemins de fer), voilà, en résumé, les principales causes de la vraie neurasthénie.
Il y a aussi l’hérédité nerveuse, qui crée la fausse neurasthénie ou neurasthénie héréditaire. […]
L’affaiblissement de la volonté, la méditation inquiète de tous les organes, l’indécision en présence de toutes les déterminations à prendre, le défaut d’aptitude au travail, sont les traits les plus communs de l’état mental de ces malades. Voilà, en résumé, tous les symptômes capitaux de la vraie neurasthénie […].
Après cet exposé, toute question de régime alimentaire mise à part, nous pourrions résumer la thérapeutique des états neurasthéniques à ceci : «Calmer le système nerveux, fortifier le malade».
Pour remplir cette double indication, on ne saurait trop le répéter, il faut peu compter sur les médicaments, car l’organisme répond mal à leur action; mieux vaudra s’en tenir au traitement hygiénique et moral, avec l’hydrothérapie rationnelle et l’électricité à l’extérieur.
La Patrie (Montréal), 6 octobre 1906.