Le poivre aurait mis du temps avant de gagner le Québec
Propos de l’historien Benjamin Sulte.
Après avoir examiné le nombre d’inventaires de mobiliers et d’ustensiles de ménages dans lesquels les moindres objets de consommation se trouvent inscrits, je n’ai pas rencontré une seule mention de poivre, depuis l’année 1652 à 1689, tandis que le sel, même en quantités infimes, est toujours noté.
Une récompense honnête à celui ou celle qui signalera la présence de ce condiment parmi nous avant l’année 1689 [sic]. Si on y parvient, ce sera au moyen des livres de comptes des marchands d’alors.
Cherchez aussi aux mêmes sources des fourchettes de table; je parie un livre d’étrenne que l’on n’en trouvera pas. Aucune vaisselle de faïence non plus, mais des assiettes d’étain, des plats de cuivre, des bols et terrines de terre cuite.
Comme j’aurais du plaisir à m’étendre sur ce sujet intéressant et à écrire un longue article poivre et sel pour La Tombola [un périodique du temps] !
Benjamin Sulte.
Le Franco-Canadien (Saint-Jean-sur-Richelieu), 11 octobre 1889.
Sur le site de l’expédition de François de Roberval et Jacques Cartier à Cap-Rouge (1541-1543), les archéologues ont trouvé de la faïence, de même que la fourchette. Mais il est vrai que, pendant longtemps au Québec, jusqu’au début du Régime anglais, au début des années 1760, sauf chez les riches, on ne trouvait pas de fourchette. Et cet ustensile mettra bien une trentaine d’années de plus pour atteindre les territoires de colonisation. La fourchette fut longtemps bien rare, on mangeait avec la cuillère et le couteau, souvent de poche d’ailleurs.