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Le Harfang des neiges vu de Paris

Harfang des neiges

Le magnifique Harfang des neiges (Snowy Owl, Bubo Scandiacus) est l’emblème aviaire du Québec. Or, il s’en trouve un à Paris, au Jardin d’acclimatation, en 1884, capturé à bord du paquebot Le Labrador en 1878, alors qu’il s’était posé sur le pont du navire. Malheureusement, il est assassiné par «un visiteur de nationalité anglaise qui imagina pour se distraire de transpercer avec sa canne à épée » l’oiseau.

Rappelant ce fait, la revue La Nature consacre un court article à ce bel oiseau cette année-là.

Le Harfang des neiges, ou plutôt le Harfang neigeux, Nyctea nivea des naturalistes, est un des plus grands oiseaux de proie nocturnes. Il est blanc tacheté de brun. Les taches brunes deviennent, avec l’âge, de plus en plus rares et chez les vieux Harfangs le plumage est souvent entièrement blanc.

On le trouve dans tous les pays septentrionaux, et les navigateurs qui se sont avancés le plus loin du côté du pôle Nord ont toujours rencontré cet oiseau.

C’est par exception qu’il descend dans nos contrées.

Le docteur Franklin en cite un couple qui aurait été vu dans le Northumberland et on en tue quelquefois en Allemagne; et aux États-Unis.

C’est un animal vigoureux, plus agile que la plupart des autres Rapaces nocturnes et qui chasse aussi bien la nuit que le jour. Il est courageux et se défend contre les chiens et même contre le chasseur.

En Europe, il se nourrit surtout de Lemmings, mais dans les régions glacées du pôle, c’est aux oiseaux de toute sorte et aux Lièvres polaires qu’il s’attaque.

D’après [John James] Audubon qui l’a observé dans le nord des États-Unis, il mange aussi des poissons qu’il saisit adroitement au moment où ils montent à la surface de l’eau.

Quand il est affamé, il ne redoute pas l’homme, et enlève au chasseur le gibier qu’il vient d’abattre.

Contrairement à ce que l’on a constaté pour tous les Rapaces de grandes tailles, le Harfang pond un grand nombre d’œufs, huit et même dix qui sont déposés dans une excavation du sol tapissée d’herbe et de plumes.

La femelle cherche à éloigner l’homme de son nid en contrefaisant la blessée. C’est là un trait d’intelligence chez les Rapaces.

Il est généralement très difficile de conserver les Harfangs en captivité. Ils meurent souvent après quelques jours de cage; le Harfang du Jardin d’acclimatation était d’autant plus intéressant qu’il était plus rare.

Dr Z…

 

La Nature (Paris), tome 23 (1884), p. 381s.

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