Une grande fête pour l’arrivée de l’électricité
À Montréal, à la gare Hochelaga, rue Notre-Dame, on avait bien hâte de voir ce que donnerait l’éclairage à l’électricité. La fête a lieu le vendredi 13 mai 1881, en soirée bien sûr.
Le quotidien La Minerve couvre l’événement et nous le fait partager le lendemain.
Une foule nombreuse se pressait, hier soir, aux abords de la gare du chemin de fer du Nord, à Hochelaga, pour assister à la grande expérience d’éclairage électrique annoncée par la compagnie canadienne, et accueillir les visiteurs illustres qui devaient venir de Québec pour la circonstance, sur l’invitation spéciale des organisateurs.
Il faisait une nuit magnifique, trop claire même pour l’expérience.
À neuf heures et demie, les jets de lumière électrique étaient frappés, et une clarté éblouissante envahissait la station et ses environs.
Tout le monde put admirer cette lumière éclatante, trop forte même pour la vue, mais dont l’éclat peut aisément être tempéré quand on le veut par des verres ad hoc.
C’était l’expérience de l’éclairage en plein air. Celle de l‘éclairage à l’intérieur devait avoir lieu quelques instants plus tard dans la salle du banquet offert aux invités et qui n’était autre que la hangar du fret habilement transformé pour l’occasion en une hall très convenable.
À dix heures et quart, le train spécial, portant les visiteurs de Québec, dont ceux mentionnés plus haut, et plus de 40 membres de la législature, entrait en gare. Les invités se rendirent aussitôt à la salle, où, après avoir fait honneur aux mets, richement et copieusement servis, on but les santés de circonstances.
Le tout Montréal de la politique, des professions, des affaires, était là. Il y avait plus de 300 convives. […]
La salle était éclairée à la lumière électrique. C’était ici la partie la plus intéressante et la plus saisissante, en réalité, de la démonstration. L’éclairage en plein air est déjà pratiquée dans le pays, bien que dans un degré beaucoup moins parfait que celui qu’on avait atteint hier soir à la gare d’Hochelaga; mais c’était la première fois qu’on tentait, en Canada, l’expérience de l’éclairage à l’intérieur, au moyen de l’opération si difficile de la subdivision du courant lumineux, subdivision dont le secret est enfin découvert.
On maîtrise ainsi l’électricité — c’est la grande affaire — et on en tire une lumière dont l’intensité ne dépasse pas celle du gaz. L’illusion était parfaite hier soir, avec les lustres à becs de gaz recouverts de leurs verres et communiquant seulement, avec la source électrique par un fil de cuivre, presque imperceptible. Il fallait rendre hommage à la science en face de cette démonstration éclatante, palpable. C’est ce que chacun des distingués orateurs a fait à son tour.
Le correspondant de La Minerve rapporte qu’on est même allé jusqu’à chanter «l’un de nos chants nationaux, la Claire Fontaine» et «Vive la Canadienne». Puis, on se dispersa au chant de «En roulant ma boule».
La gare Hochelaga, rue Notre-Dame à Montréal, apparaît sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à l’adresse suivante.
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