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Où tout cela s’en va-t-il ?

ou pierre a trouve les siens apres le feuRéflexion non signée sur la fuite du temps, intitulée «La fin du Monde», parue dans Le Canadien (Montréal) du 9 novembre 1892. Un texte franchement étonnant.

Comme les individus et les sociétés, les astres parcourent une évolution composée de leur naissance, de leur existence véritable et de leur mort.

Laplace a exposé dans une magnifique théorie la formation des corps célestes, au sein des nébuleuses cosmiques. […]

Si nous continuons l’examen rapide de l’évolution de notre globe, telle que l’ont approximativement constituée pour le passé les astronomes et les géologues et telle que, dans l’état actuel de la science, on peut en établir les phases probables pour l’avenir, nous voyons naître une croûte superficielle, d’abord fragile et constamment disloquée par les matériaux incandescents qu’elle recouvre, supportant plus tard la masse liquide produite par la condensation d’une partie des gaz atmosphériques.

La durée de cette première période de l’évolution astrale se chiffre par plusieurs millions de siècles.

Alors commence à se manifester, sous des formes rudimentaires, la vie végétale et animale, qui se perfectionne par une sélection naturelle et progressive, augmentant en outre dans le nombre et la variété des êtres. […]

Un cycle immense s’écoule, marqué par des progrès considérables parmi les êtres vivants, dont la forme et la constitution dépendent des différents milieux qu’offre la planète. Des terres vraies et nombreuses, de plus en plus stables, facilitent l’épanouissement de la vie, qui atteint l’apogée de sa grandeur et de sa puissance.

Enfin, arrive la période géologique de calme relatif, qui suit celle d’activité générale accompagnant la formation du globe. Les diverses familles animales, qui toujours s’affinent et se perfectionnent par la disparition des espèces les moins bien constituées et le progrès de celles qui ont un organisme plus parfait, voient leur enchaînement naturel complété par l’apparition d’un être intellectuel et mieux doué, qui est le suprême couronnement de la vie terrestre. C’est notre humanité pensante qui prend naissance pour progresser à son tour pendant des siècles, s’élevant de plus en plus, sans l’atteindre, vers une perfection idéale. […]

Les prévisions scientifiques et rationnelles, d’après les données actuelles de ce difficile problème, montrent donc que la disparition de la vie terrestre n’arrivera probablement pas avant une dizaine de millions d’années; cela est fort rassurant et nous permet à tous, ainsi qu’à nos descendants, pendant nombre de générations, de ne craindre comme fin du monde que celle qui survient pour chacun de nous le jour de la mort…

Néanmoins, la terre disparaîtra un jour, mais il ne faut pas oublier que très longtemps avant sa formation et durant des siècles sans limites après sa fin, d’autres corps célestes, innombrables au sein de l’espace infini, parcourent, comme pendant son existence, les phases variées de leur évolution particulière, en transportant à travers le ciel des humanités de toutes sortes, car, au milieu des transformations permanentes de la matière, la vie éternelle règne dans l’univers.

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