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Ah ! Old Orchard, le bonheur !

Old Orchard

Celui qui signe simplement «X» s’exclame dans le quotidien montréalais La Minerve le 6 septembre 1884.

Figurez-vous sur le bord de l’océan, non pas au fond d’une baie fermée comme à la fameuse station d’Arcachon, mais en pleine Atlantique, une grève de sable unie, nette, à pente extrêmement douce, s’étendant en ligne droite sur une longueur de quatre à cinq milles, emprisonnée entre la mer infinie et la forêt. Alternativement, la brise vous vient de la mer ou du bois. Alternativement, l’air est embaumé de salin ou de résine. C’est Arcachon embelli, transformé. La délicieuse atmosphère !

Et l’admirable spectacle ! En face, la mer immense, où la vue se perd. Quelques voiles au loin. Un cap à droite, un autre à gauche, avec une couple d’îlots.

Le mot de ligne droite appliqué à la grève est strictement exact. Le rivage est comme tiré au cordon sur toute cette longueur d’une lieue et demie. On dirait une grève artificielle, tant les proportions sont parfaites.

La marée n’est pas très forte. Une dizaine de pieds de hauteur peut-être. De quoi découvrir et recouvrir le beau lit de sable sur une largeur de deux ou trois arpents. Cela permet de se baigner à marée basse comme à marée haute. On est loin des grèves de deux milles, comme celles qu’on voit à Kamouraska, La Malbaie, Cacouna.

L’heure générale et régulière est onze heures et demie ou midi, juste avant le dîner. C’est une animation extraordinaire à ce moment, tout le long de la grève. Les spectateurs, les curieux, toutefois sont un peu plus nombreux que les baigneurs. On revêt le costume «officiel», qui est tout ce qu’il y a de plus décent, et hommes et femmes se mettent à la mer en même temps et ensemble.

La plus grande jouissance du bain est celle que procure la vague, la délicieuse vague océanique, qui bat la rive en tout temps et toujours. L’eau n’est jamais bien froide. On éprouve au début un léger saisissement, qui ne tarde pas à se changer en une jouissance réelle, qui amène la tentation, dangereuse parfois, de trop prolonger le séjour dans l’onde amère, devenu un jeu, un plaisir.

 

La carte postale de la plage d’Old Orchard à vol d’oiseau provient de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection Magella Bureau, Cartes postales illustrant des lieux, États-Unis, Maine, cote : P547, S1, SS2, SSS24, D99.

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