«Les mouches»
Mai est un mois charmant qu’on devrait, si l’on était sage, employer à tuer des mouches.
C’est du moins le conseil que donne le «Daily Mirror» de Londres.
La mouche est l’agent, le facteur de toutes les infections, et celui-là serait un bienfaiteur public qui trouverait le moyen d’exterminer entièrement, sans trop de peine et de dépenses, cette race insupportable et, de plus, homicide. Mais comment faire ? Quand on tue une mouche au mois d’août, on n’a dans la main qu’un seul cadavre de misérable et de chétif insecte. Il faut opérer en mai.
À ce moment, la mouche que l’on occit porte en elle une progéniture qui se chiffrera, au mois de juin, par 1,728,000 mouches, toutes assassinées comme leur aïeule. La race a presque disparu aux premiers mois d’octobre. De l’automne au printemps, elle n’a survécu que dans la personne d’un petit nombre de femelles robustes qui demeurent blotties dans les angles des habitations, des écuries et des établies.
Au premier soleil un peu tiède, elles s’éveillent, elles sortent, et, si la chaleur continue, elles s’apprêtent à déposer leurs œufs. Elles en pondent 120 à la fois dont chacun, au bout de trois semaines, a produit un insecte entièrement adulte. Entre le 15 mai et le 5 juin, ces 120 adultes en ont créé 14,400.
Poursuivons le calcul en progression géométrique; le 26 juin, ces 14,400 sont devenus 1,278,000.
Conclusion : ne perdons point de temps, chassons la mouche au mois de mai.
Source : Le Bien public (Trois-Rivières), 27 mai 1910.
