Éloge de l’abeille
Le quotidien La Patrie du 16 mars 1893 ne voit que des avantages à garder des abeilles sur une ferme.
Si la culture des fruits est une source de grands profits pour le cultivateur, si elle est conduite avec discernement et la plus grande attention, l’industrie des abeilles n’est pas moins lucrative, comparativement à la petite portion de terrain qu’elles occupent sur une ferme, le bas prix de l’achat de quelques ruches et les soins qu’elles exigent. Après s’être procuré quelques ruches d’abeilles, le cultivateur peut obtenir, pendant l’essaimage des abeilles, deux ou trois essaims.
L’industrie des abeilles n’exige aucun capital. Leur fabrique de miel peut être formée en ruches de paille ou de bois d’une bien faible valeur. Le laboratoire où les abeilles prennent les substances nécessaires à la fabrication du miel est vaste, puisque d’aussi loin qu’elles peuvent les parcourir, au profit de leurs ruchers, les abeilles ont à leur disposition de vastes champs, les prairies, les bois, les jardins et les vergers, où elles butinent tout à leur aise sans que par cela elles soient une source d’embarras, pourvu qu’on n’essaie pas à les effrayer, car alors elles se mettent en état de défense.
Nul insecte ne saurait être comparé aux abeilles si industrieuses et si utiles, et aucun ne saurait mériter un aussi haut degré l’attention des cultivateurs.
On peut se faire une idée de l’importance de cette industrie aux États-Unis, si l’on calcule que l’année dernière le rendement en miel a été de $15,000,000, à part $1,500,000 réalisés pour la vente de la cire.
Un de mes amis, apiculteur, dit que les abeilles se rendent butiner jusqu’à sept kilomètres de leur ruche.
L’illustration est extraite de l’ouvrage de Louis Cousin-Despréaux, Les leçons de la nature présentées à l’esprit et au cœur, Tours, Alfred Mame et Fils, 1885. Merci à mon bouquiniste Michel Roy pour le prêt de ce livre.
