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Un chroniqueur s’en prend à février

Quel mois que février, selon celui qui signe Z. P. Extrait de l’hebdomadaire L’Étoile du Nord (Joliette) du 15 février 1894.

Tout en nous apportant le carême, le mois de février sa sans doute jeté parmi nous la boîte de pandore qui a été ouverte; car, en ce moment, me voilà propriétaire d’un rhume gigantesque. C’est ce qui n’est pas amusant à se tordre de rire !… surtout quand la grippe vous a tenu, pendant une longue semaine, renfermé dans votre cabinet.

Je ne me plains pas trop cependant, car j’ai confiance dans les mois à venir, les mois de l’été, qui devront m’apporter sans doute quelque chose qui me fera oublier le rhume et la grippe ! En toute sincérité, je passerais mon rhume au premier encanteur venu et je ne marchanderais pas sur le prix.

M’est avis que le mois de février a reçu une très mauvaise éducation dans sa jeunesse, Il nous distribue des tas de surprises, pas trop agréables. Ainsi, un matin, il fera beau, le temps sera doux et agréable; mais le lendemain il nous tombera des nues un de ces froids sibériens qui enseignent à nos moustaches l’art de blanchir avant le temps. Pour risquer une petite course à travers la campagne, il nous faudra entasser chaussettes sur chaussettes dans les réduits obscurs de nos mocassins.

Jamais notre femme n’aura assez de cache-nez pour ceinturer nos oreilles, caserner notre nez et préserver nos joues des caresses brutales des vents cosaques.

Mais ne disputons pas trop, c’est bien inutile. D’ailleurs février aura sa fin, mars nous sera sympathique, avril nous apportera un semblant de zéphir et mai nous donnera les fleurs !

Les fleurs ! oh ! aimez-vous les fleurs ? Il nous semble que la vie est plus heureuse, quand il nous est donné de parcourir, l’été, les prairies, les champs, les jardins embaumés, de respirer l’air pur de la campagne, alors que les fleurs emplissent l’air de parfums célestes.

Si nous entrons dans le sous-bois, l’air devient plus frais, et de tous les côtés monte cette bonne odeur de mousse humide, de bois mouillé, de menthe sauvage et de ces mille petites fleurs qui s’ouvrent tout à la fois, embaument à qui mieux mieux pour ne pas perdre un instant du jour qui commence… Dans tout cela, nous trouvons un parfum de repos et de bien-être qui calme et qui apaise !

Mais comme je parle ! La neige en ce moment qui couvre toute la campagne atteint presque la fenêtre de nos maisons. Nous sommes enterrés dans la neige, et voilà que je parle de fleurs et de bosquets !

Z. P.

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