Un personnage fort coloré refait surface
L’Album universel, un hebdo montréalais, est bien fier d’annoncer à ses lecteurs, le 29 novembre 1902, ce qu’il dit être une primeur.
C’est tout une primeur, écrit-on, que l’Album universel a aujourd’hui la bonne fortune d’offrir à ses lecteurs, grâce à la complaisance de M. Houde, voyageur de commerce bien connu de cette ville, qui nous a communiqué les précieux documents qu’il tenait lui-même de M. Camirand, hôtelier, rue Sherbrooke, comme en font foi, d’ailleurs, les pièces justificatives que nous publions dans d’autres pages de ce numéro.
Nous devons aussi des renseignements tout particuliers au chef de la Sûreté, M. Carpenter, et à l’inspecteur MacMahon, qui nous ont gracieusement fourni tous les renseignements voulus au sujet de Leroyer, qui n’est pas inconnu à Montréal.
Pierre-Jean Le Royer naquit à Issoudun, dép. de l’Indre, France, et il peut avoir aujourd’hui une cinquantaine d’années.
De haute taille, près de cinq pieds et cinq ou six pouces, il joint une énergie indomptable, une santé de fer; un mépris des dangers et une connaissance des us et coutumes de la faune du Canada permettent de le noter parmi les rares coureurs des bois, véritablement dignes de ce nom, qui nous restent aujourd’hui.
Faut-il s’en étonner lorsqu’on apprendra que, dès son adolescence, il fut entraîné parmi le flot qui tenta d’arrêter l’invasion allemande, en 1870.
Engagé volontaire à l’infanterie de marine, il assista à tous les combats qui eurent lieu peu après. Il émigra ensuite au Canada où, d’aventures en aventures, il se maria, à St Paulin, comté de Maskinongé, avec une Algonquine du nom de Saint-Aubin, dont les proches habitent encore Bécancourt.
Retiré dans les montagnes du Maine, il se livra à la chasse pendant de longues années, et, dans ses loisirs, s’occupait de temps à autre à exhiber un magnifique orignal qu’il avait capturé ou dressé.
Lors du dernier carnaval d’hiver, sa venue à Montréal le mit en rapport avec la police, qui le prit pour guide et auxiliaire dans l’affaire de Morrison. On sait le reste et ce qui s’ensuivit.
Revenu à ses anciennes habitudes, il reprit une vie plus active et, de concert avec un de ses amis et compatriote, il entreprit la formation d’un cirque appelé le Cirque Indien et Africain. Il parcourut du nord au sud la province de Québec, sans beaucoup de succès pécuniaires, et finalement retourna à ses chasses.
Au mois de juin dernier, Pierre Leroyer était de passage à Montréal et annonçait discrètement à ses intimes qu’il se mettait en route pour le Pôle Nord, au service de Ziegler, le célèbre millionnaire américain.
Comme l’indique la note laconique que nous reproduisons dans nos pages centrales, Leroyer est actuellement dans le bassin polaire, et passera l’hiver à bord de l’America. Il annonce un grand désastre avec explications plus tard. Il veut sans doute parler de l’expédition Baldwin.
Nous attendons des nouvelles avec anxiété.
Quel personnage ! Et ce texte, bavard, manque pourtant d’explications.
Cette illustration de Pierre-Jean Le Royer parue en première page de l’Album universel du 29 novembre 1902 provient du site suivant : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/accueil.htm
Oui, quel personnage! De haute taille, disait-on à l’époque? Cinq pieds, six pouces, plutôt petit, dirait-on aujourd’hui…. J’avoue désirer en savoir plus sur ce coureur des bois, brave et manifestement aventureux.
Ah oui, chère Louise, on en prendrait davantage. Il nous apparaît comme tout un «oiseau» cet homme !