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Un nouveau tramway à Montréal, le 890

Enfin un nouveau tramway à Montréal; voilà longtemps qu’on le réclame. À l’occasion de son lancement, la compagnie des tramways invite les journalistes à le découvrir. La Patrie y fait écho le 5 mai 1905.

On a bien souvent parlé de l’encombrement des tramways aux heures de la sortie des ateliers, la compagnie des tramways a fini par s’émouvoir de ces plaintes. C’est pourquoi hier après-midi, vers cinq heures et demie, le public a pu voir un nouveau tramway sortir des remises de la rue Côté et se diriger vers l’ouest de la ville, rempli d’invités dont plusieurs journalistes […].

Ce tramway porte le numéro 890 et comme apparence de prime abord, il ne diffère pas sensiblement des autres véhicules de luxe de la compagnie. Mais après un examen minutieux, on se rend aisément compte de l’importante amélioration dont bénéficiera largement le public. […]

Donc le tramway possède deux plateformes plus larges que les autres, à l’arrière et à l’avant. Elles mesurent sept pieds de profondeur et une vingtaine d’hommes pourraient s’y tenir assez à l’aise. Telle n’est pas cependant l’amélioration que nous voulons signaler. L’arrière plateforme est séparée par une rampe de cuivre permettant à ceux qui veulent monter en tramway d’effectuer leur ascension en même temps que le public de l’intérieur effectue sa descente.

C’est déjà gentil comme innovation, mais il y a mieux. L’accès au tramway n’a qu’une seule porte à l’arrière. Il faut y pénétrer en mettant la rampe de cuivre à sa gauche ou en s’appuyant sur la droite, autrement on arrive sur une porte que tous les «Sésame» du monde ne pourraient faire s’ouvrir de l’extérieur, attendu qu’il n’obéit qu’à la poussée des gens qui se trouvent à l’intérieur du tramway; ceux qui se trouvent à l’intérieur ne peuvent davantage se servir de la porte d’accès, attendu qu’elle n’obéit qu’à une pression de l’extérieur. Ils ont une porte spéciale de sortie. Il y a de plus une sortie sur la plateforme d’avant, et cette porte-là peut s’ouvrir sur une simple pesée que le garde-moteur fait avec son pied sur un bouton […].

Voilà donc du temps économisé et bien de l’encombrement évité.

Ce n’est pas encore tout cependant. Avec le nouveau système, le conducteur percevra les billets à l’entrée de chaque voyageur et n’aura plus affaire à passer la boîte à l’intérieur. Il restera en permanence sur la plateforme d’arrière, et on pourra mieux aux heures de foule prévenir les accidents qui arrivent parfois par des brusques départs du tramway. Ceci est le côté philanthropique de l’amélioration, mais il y a aussi à considérer un autre côté qui est certes moins économique pour certains publics. Tout le monde devra payer en entrant, et ceux qui adorent s’enfoncer assez profondément dans la lecture de leur journal ou de leur correspondance au point d’« oublier » de payer leur passage pourront le faire en toute sécurité et sans crainte d’être dérangé par le terrible «fair please» du conducteur, attendu qu’ils auront, en mettant le pied dans le tramway, satisfait à l’obligation douloureuse de se soulager de cinq sous ou de quatre sous et une fraction.

La décoration intérieure du nouveau tramway ressemble à celle des autres voitures de luxe de la compagnie ; c’est de l’érable piqué avec banquettes, face au garde-moteur, en jonc tressé.

 

Source de l’illustration : L’Album universel, édition du 3 juin 1905, qu’on retrouve à l’adresse suivante.

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