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Une nouvelle colonie au nord de Mont-Tremblant

Dans l’histoire du Québec, la colonisation de nouvelles terres, en plein bois, a souvent représenté une réponse à la désertion des Québécois pour l’Ontario, l’Ouest canadien ou les États-Unis. À chaque fois, des ténors du gouvernement ou des sociétés de colonisation gagnent un perchoir quelconque pour vanter les mérites d’une vie frugale en milieu nouveau, loin de la ville. Ainsi, de 1870 à 1900, on chante, par exemple, le développement du nord de Montréal.

Le 19 mai 1897, La Patrie, comme d’autres journaux, fait écho à une excursion organisée par la Société de colonisation de Montréal «dans les cantons du Nord pour procurer au public l’occasion de visiter les terres à coloniser». On se rend cette fois-ci un peu au nord de Mont-Tremblant.

 

Au nombre des excursionnistes se trouvait un groupe de colons qui, sous la direction du Dr. Bigonesse, de Labelle, et de M. Carufel, de la société de colonisation de Montréal, s’est rendu au Lac Chaud, situé à douze milles de Labelle, dans le but d’y fonder un établissement agricole.  […]

Le site choisi pour cette fin, sur les bords du Lac Chaud, est vraiment enchanteur, le sol est de très bonne qualité. Cette colonie devra couvrir tout le pays qui s’étend entre le Lac Chaud et le Sapin. Le terrain est un peu accidenté sans être montagneux, et s’incline en pente douce vers le Lac Chaud, l’un des lacs les plus beaux et les plus poissonneux du Nord.

Pour arriver au Lac Chaud, il faut traverser la plateau de la Mocaza [on dit aujourd’hui La Macaza], où l’on compte déjà une cinquantaine de familles établies depuis à peine deux ans et vivant à l’aise. Ces établissements se sont faits en si peu de temps et dans de si bonnes conditions que les zélateurs de l’œuvre de colonisation dans la région du Nord, parmi lesquels figure M. Christin, l’agent des terres, ont cru devoir pousser plus loin leurs travaux, comptant encore comme par le passé sur l’appui généreux du gouvernement provincial. […]

Un mot maintenant de la cérémonie tout-à-fait imposante avec laquelle s’est fait l’établissement de la nouvelle colonie. Le groupe des explorateurs s’était grossi en route de tous les colons de la Mocaza avec femmes et enfants. Après avoir longé les bords du Lac Chaud sur une distance de plus de deux milles, on s’est arrêté en face de l’établissement de M. Désormaux, dans un endroit pittoresque, ayant une vue superbe sur le lac et tout le pays environnant. Là, un des colons, M. Ouelette, ébaucha une croix qui fut plantée aussitôt finie.

Puis des discours furent prononcés par MM. Carufel, Dr. Bigonnesse, Désormaux et autres. M. Carufel, parlant au nom de la société de colonisation, dont il est le secrétaire, dit que la fondation d’une paroisse au Lac Chaud était une chose à laquelle on avait songé depuis longtemps et avait été une des raisons pour lesquelles le gouvernement provincial avait dès l’automne dernier fait arpenter le nouveau canton Nantel, qui, dans l’opinion des arpenteurs, comprend une des régions les plus fertiles du Nord.

Pour faciliter cet établissement, ajoute-t-il, le département de la colonisation a promis de donner tous les fonds nécessaires pour la construction des routes. […] M. Carufel termine en faisant remarquer que c’est sa conviction que le nouveau gouvernement à Québec fera tout son possible pour aider l’œuvre de la colonisation dans sa province, que le projet de la colonie du Lac Chaud rencontrera son appui et que les travaux d’établissement qui en dépendent n’éprouveront aucun retard. […]

Tout fait espérer que la colonie du Lac Chaud se développera promptement et que l’on verra bientôt se créer à côté de celle de M. Desormaux des industries nouvelles. C’est là que la Société de Colonisation se propose de placer les nombreuses familles canadiennes de la Nouvelle-Angleterre qui ont exprimé depuis quelque temps le désir de venir se fixer dans les cantons du Nord.

En finissant, je dirai que nos cantons du Nord jouissent d’un climat en tout comparable à celui de Montréal. À l’heure présente, la végétation est très avancée; les colons achèvent leurs semailles et les pâturages sont assez bons pour assurer aux animaux leur subsistance.

 

L‘illustration des excursionnistes du lac Chaud est paru dans le Monde illustré, édition du 11 décembre 1897. On peut la trouver à l’adresse suivante : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/htm/i1003.htm

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Sylvie Pontbriand #

    Pas sûre que le climat soit comparable à Montréal !À certains endroits, faut aimer le ketchup vert pour y cutliver les tomates! Et on parle pas des mouches noires….
    Je suis résidente de Ste-Adèle

    17 mai 2012
  2. Jean Provencher #

    Ah, chère Sylvie, vous m’ouvrez une porte. Vous savez, voilà 100 ans et un peu plus, lorsqu’on parlait d’un nouveau territoire québécois à coloniser, on y allait des mêmes qualificatifs, quel que soit l’endroit. Nature généreuse, site enchanteur, lacs poissonneux, climat comparable à celui des villes, futurs beaux chemins, et quoi encore. Il fallait émouvoir, persuader, et on ne lésinait pas sur les qualificatifs.

    17 mai 2012

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