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Départ prochain

Le Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis, Snow bunting) devrait repartir très bientôt vers le Nord. Ce petit oiseau, qui passe ses hivers avec nous et se joue de tous les temps, remontera incessamment. Dans mon coin de pays, jamais je ne l’ai aperçu après le 2 avril.

Avant sa remontée, coups de chapeau du grand écrivain Louis Fréchette (1839-1908), qui semble beaucoup aimer le Bruant des neiges. Il leur consacre deux poèmes.

Les oiseaux blancs

Quand, sur nos plaines blanches,

Le givre des hivers

Commence à fondre aux branches

Des sapins toujours verts ;

Quand chez nous se fourvoie

Avril, le mois des fleurs,

Le printemps nous envoie

Ces gais avant-coureurs.

Du froid, de la neige,

Des vents et des eaux,

Que Dieu vous protège,

Petits oiseaux !



Loin des rives plus douces,

Loin des climats bénis,

Où d’autres dans les mousses

Cachent déjà leurs nids,

Votre essor se déploie

Vers nos pâles séjours :

C’est mai qui vous envoie

Nous parler des beaux jours.



Du froid, de la neige,

Des vents et des eaux,

Que Dieu vous protège,

Petits oiseaux !

Quand votre aile soyeuse,

Petits oiseaux, parait,

Plus d’une âme est joyeuse,

Qui naguère pleurait ;

Oui, vous faites de joie

Bien des cœurs s’émouvoir :

C’est Dieu qui vous envoie,

Doux messagers d’espoir !



Du froid, de la neige,

Des vents et des eaux,

Que Dieu vous protège,

Petits oiseaux !

Louis Fréchette, Les Fleurs boréales (Québec, 1879)

. . . . .

Les oiseaux de neige

Quand le rude Équinoxe, avec son froid cortège,
Quitte nos horizons moins inhospitaliers,
Sur nos champs de frimas s’abattent par milliers
Ces visiteurs ailés qu’on nomme oiseaux de neige.

Des graines nulle part ! nul feuillage aux halliers !
Contre la giboulée et nos vents de Norvège,
Seul le regard d’en haut les abrite, et protège
Ces courriers du soleil en butte aux oiseliers.

Chers petits voyageurs, sous le givre et la grêle,
Vous voltigez gaîment, et l’on voit sur votre aile
Luire un premier rayon du printemps attardé.

Allez, tourbillonnez autour des avalanches;
Sans peur, aux flocons blancs mêlez vos plumes blanches :
Le faible que Dieu garde est toujours bien gardé !

Louis Fréchette, Les Fleurs boréales — les oiseaux de neige : poésies canadiennes couronnées par l’Académie française (Montréal, Beauchemin, 1886)

Pour faire connaissance avec cet oiseau des neiges, voir l’article : https://jeanprovencher.com/2011/12/16/le-petit-oiseau-des-neiges/. Vous trouverez là non seulement un texte sur l’oiseau, mais aussi trois photographies.

Le Bruant des neiges, de bois sculpté, est de Pierre Léveillée, de Lévis.

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