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Lorsqu’il faut qu’on en vienne enfin à distinguer l’État de l’Église

Au début des années 1960, au Québec, la séparation de l’Église et de l’État ne s’est pas faite sans résistances. On le constate dans plusieurs domaines, y compris, bien sûr, dans le monde de l’éducation. Mais beaucoup de Québécois ignorent qu’en France, soixante ans auparavant, cette séparation fit encore plus de bruit. Exemple.

Noël s’est passé, en France, sans la célébration habituelle de la messe de minuit.

Toutefois, à l’église du Sacré-Cœur de Montmartre, un millier de fidèles se sont rassemblés, pour entendre la messe de minuit. L’entrée se faisait par la porte de la sacristie. Après la messe, la plupart des fidèles s’en allèrent, quelques personnes restèrent, cependant, pour prier pour l’Église et adorer le St Sacrement.

Les journaux commentent diversement l’abolition de la messe de minuit et les événements religieux en France.

L’«Autorité» et la «Libre Parole» sont indignés. L’«Autorité» prédit que, l’année prochaine, lorsque les paysans quitteront leurs demeures et s’avanceront dans la nuit froide, pour se rendre à la messe de minuit, on verra une lumière sur cette montagne, semblable à celle de l’étoile de Bethléem. Alors la foule se réunira en plein air pour célébrer la messe, alors que les églises seront fermées.

La «Libre Parole» dit que le désespoir règne partout et traite la situation d’illogique et de honteuse.

M. Henri Bruchard, un journaliste, passant devant une vitrine au coin de la rue Richelieu et du boulevard, remarqua à l ‘étalage une caricature de Monseigneur [François-Marie-Benjamin] Richard. Saisi d’indignation, M. Bruchard demanda à un gardien de la paix ce qu’il adviendrait s’il brisait la vitrine ?

«Je serai forcé e vous arrêter», lui fut-il répondu. Aussitôt, M. Bruchard cassa la vitrine, à coups de canne. L’arrestation ne se fit pas attendre. Devant le commissaire, M. Bruchard expliqua les motifs de son action et fut relâché.

Dans plusieurs communes de la Somme, 45 déclarations prescrites par la loi ont été mises en force. La première mise en force de la loi de séparation, concernant la fermeture des églises, a eu lieu hier, à Azoy-sur-Indre. Le maire a signifié au curé d’avoir à quitter le presbytère et l’église, en conformité de la loi.

 

La Patrie (Montréal), 26 décembre 1906.

L’église du Sacré-Cœur de Montmartre

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