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Accompagnons maintenant les enfants au cinéma

À Montréal, le quotidien La Patrie organise un après-midi de cinéma, ou plutôt de «vues animées», au Monument national.

Voici que la vaste salle est littéralement comble; on attend quelques minutes, on consulte le programme. Dans le balcon surtout, les garçonnets, tassés les uns sur les autres, parlent avec enthousiasme.

Ceux qui sont déjà venus expliquent à leurs compagnons la beauté des représentations précédentes, rappelant tel ou tel incident qui les a frappés; c’est un bandit fameux qui tombe entre les mains des policiers; c’est une pauvre mère qu’un cœur généreux vient secourir dans son agonie, et quoi encore.

Dans l’orchestre, il y a moins d’animation; mais les paroles, pour être moins bruyantes, vont plus vite, croyons-nous; c’est un babil de gentilles fillettes, désireuses de voir le superbe spectacle qui les attend.

Elles auront bientôt sous les yeux de jolies compagnes, ayant un bon petit cœur, faisant l’aumône aux pauvres, et bientôt récompensées de leur bonne action; d’autres viendront sur la toile qui n’ont pas été sages et qui seront grondées; et quelquefois ces bambines verront leur cœur se serrer d’émotion, leurs paupières devenir humides, en contemplant une petite miséreuse, n’ayant plus de pain, grelottant de froid, privées des baisers de sa maman, des secours du papa absent.

Quant à ceux qui ont grandi en âge, on peut dire qu’ils paraissent, et qu’ils sont réellement, plus philosophes. Cependant, la plupart se sentiront émus à la vue d’une action louable, d’un acte de courage, et tous en définitive s’instruiront.

Mais voici que des applaudissements frénétiques nous rappellent que «ça va commencer». […]

Et chaque fois que le titre d’une vue nouvelle se fait visible sur l’écran, il est curieux d’entendre tout ce petit monde lire, ou plutôt épeler tout haut : «La veuve du marin, «La Patrie parle de tout à tous».

Et le spectacle se continue aux accords d’une musique entraînante, aux ovations de la foule.

Commencée vers deux heures, la séance a duré jusqu’après quatre heures, hier après-midi, c’est-à-dire que pratiquement il y a eu deux représentations. C’est en acclamant «La Patrie» que la foule, heureuse d’avoir passé une bonne après-midi [sic], s’écoule par toutes les issues.

 

La Patrie (Montréal), 6 décembre 1907.

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