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En 1910, où en est-on avec la fin du monde ?

fin du monde un

Au printemps 1910, le passage de la comète de Halley a ramené la fin du monde dans l’actualité. Cependant, le quotidien La Patrie constate qu’on commence à se calmer lors d’une manifestation céleste hors de l’ordinaire. Rappelant les angoisses du passé, le journal écrit :

La comète de 1910 fut tout de même moins fertile en images sinistres. Il y eut bien quelques crises de superstition aiguës, notamment en Hongrie et en Italie. Néanmoins, la perspective de la fin du monde a moins ému nos contemporains qu’elle n’avait troublé l’humanité de l’an mil.

Les philosophes font honneur à notre sagesse et à leur génie de cette quiétude laborieusement gagnée. Cependant, les savants les plus illustres émirent sur ce problème des opinions qui, somme toute, ne paraissent guère moins aventureuses que celle des théologiens. […]

C’est ainsi qu’au dix-huitième siècle, à l’époque des Encyclopédistes, M. de Buffon affirmait avec gravité que la Terre avait mis 74,832 années — exactement — à se refroidir à la température actuelle et que l’humanité pourrait encore l’habiter 93,291 ans. Avant que la surface soit assez refroidie pour que la vie arrive à s’éteindre. Voilà du dogmatisme et du plus piquant ! […]

Le mathématicien Poisson s’était montré plus généreux encore que Buffon : selon lui, il n’avait pas fallu moins de cent millions d’années pour que la température du globe ait pu descendre de 3,000 degrés, que, d’après ses calculs, elle avait primitivement jusqu’à la température dont nous jouissons. C’est le chiffre auquel s’est arrêté un des plus considérables parmi les astronomes de ce temps […] M. Camille Flammarion. […]

Il est d’ailleurs amusant de noter qu’une des hypothèses qui furent le plus longtemps en faveur parmi les spécialistes se rapproche sensiblement des prophéties terribles de l’«Apocalypse» : c’est l’hypothèse de l’anéantissement, non plus par refroidissement, mais par le feu.

D’après ces philosophes, la croûte terrestre, sous laquelle tous les métaux sont en fusion, aurait à peine dix lieues d’épaisseur et si les volcans, qui sont les soupapes de l’immense chaudière, cessaient de fonctionner, le globe serait exposé à éclater… Ainsi, saint Jean écrivait : «Alors, s’éleva du puits de l’abîme une fumée semblable à celle d’une grande fournaise. Un tremblement de terre eut lieu et le soleil devint noir comme un sac de poil de chèvre; la lune parut ensanglantée, les étoiles du ciel tombèrent sur la terre; le ciel se retira comme un tapis qu’on roule…»

Mais, du moins, dans l’«Apocalypse», le ciel en se retirant comme un tapis qu’on roule, découvre Michel et ses Anges qui combattent contre le dragon, le grand serpent; et, en suite, un nouveau ciel devait apparaître sur une terre rajeunie…

 

La Patrie (Montréal), 25 juin 1910.

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