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Un charivari à Montréal au printemps 1883

charivari massicotteLe charivari fut sans doute apporté de France par les colons qui venaient prendre racine sur les rives du Saint-Laurent. Il s’agit d’un pouvoir que se donne une population, celui de dénoncer un comportement qu’elle juge répréhensible en se rendant, généralement de nuit, mener le vacarme devant la résidence de quelqu’un. Pour la victime, il arrivera habituellement à faire taire les manifestants en acceptant de faire un don aux pauvres. À moins que la police elle-même ne mette un terme à l’événement.

Ici, Ovila Vannier est dans de beaux draps.

Une bande de tapageurs de la Côte St-Michel ont voulu remettre à la mode le fameux charivari d’autrefois que l’on croyait pour toujours passé dans le domaine de l’oubli, mais ils l’ont fait à leurs dépens, comme quelques-uns d’entre eux peuvent aujourd’hui l’attester.

M. Ovila Vannier, 31 ans, cultivateur, de la Côte St-Michel, était depuis assez longtemps la victime des tracasseries d’une bande de gens de sa paroisse à propos d’affaires de famille. Il est séparé de sa femme, bien que marié depuis trois ans seulement. Les parents de celle-ci sont riches, et, tout en ne voulant rien lui donner, ils exigent que leur gendre fasse construire une nouvelle maison pour la loger.

M. Vannier s’est opposé à leurs demandes. De là, croit-il, ces tracasseries que des gens, soudoyés par ses proches, ont entrepris de lui faire.

M. Vannier avait déjà subi deux charivaris lorsqu’il en avertit la police de Montréal.

Les agents Gladu et Contant et le constable Fournier se chargèrent de l’affaire et tombèrent à l’improviste, hier soir, vers dix heures, sur une bande de cent cinquante tapageurs qui faisaient le diable à quatre devant la maison de M. Vannier.

En apercevant les agents, la foule se mit d’abord à rire de leur petit nombre, ce qui n’empêcha pas les officiers d’appréhender au collet les chefs de la bande qui portaient des jupons, des porte-voix et des bâtons.

Les autres crurent pouvoir délivrer facilement les prisonniers, mais ils comptaient sans les pistolets qu’on leur braqua subitement dans la figure et qui les mirent en fuite.

Les prisonniers sont Joseph Pigeon, 34 ans, et Wilbrod Larivé, 24, journaliers. Ce dernier plaide coupable.

Ils n’ont pas encore subi leur procès.

 

La Patrie (Montréal), 10 avril 1883.

La gravure, Un charivari, d’Edmond-J. Massicotte, parut dans l’Almanach du peuple de 1928.

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