Skip to content

Chers maringouins

maringouin tract 37 jeunes naturalistes

Le chroniqueur Léon Ledieu est malheureux. En plein mois de juillet, il est allé marcher en forêt dans la région de Black Lake, dans les Appalaches. Il nous raconte.

Si vous quittez un peu le voisinage des habitations pour entrer dans le bois, c’est là que le vrai plaisir commence pour vous, le plaisir de la lutte avec les rochers, les arbres abattus, les maringouins, les brulots, les mouches noires, la boue en bas, la pluie en haut, car il pleut beaucoup dans cette région accidenté.

Quant à moi, je vous avoue humblement que j’aime peu ce genre de sport et qu’une fois de plus j’ai constaté combien de choses sont mal faites dans le monde.

On dit que tout sert dans la nature, que chaque chose est à sa place et que tout animal a une mission à remplir ici bas.

Je vous demande un peu à quoi peuvent bien servir les maringouins et les autres insectes malfaisants, qui passent leur temps à nous piquer et à boire notre sang qu’ils remplacent par du venin ?

— Sans eux, me dit un homme grave qui se croit sage, les engoulevents mourraient de faim.

— À quoi servent les engoulevents?

— Je vous le dis, à manger les maringouins.

— Alors ils remplissent mal leur devoir.

Un autre me soutient que les maringouins servent à protéger les bois, en empêchant les hommes d’y entrer.

Cette raison-là ne me paraît pas plus sérieuse que la première,

C’est une troisième qui m’a paru être le plus dans le vrai.

—Les maringouins, dit-il, servent à faire sacrer les chrétiens.

Il est de fait qu’on en arrive à un tel degré d’impatience que l’on ne peut s’empêcher d’un mouvement de colère qui se traduit d’une manière quelconque, mais à coup sûr, très énergique.

O vous qui avez passé quelques jours et beaucoup de nuits à servir de pâture aux insectes de la forêt ou des chambres d’hôtel de la campagne, vous comprenez toutes mes souffrances et la haine que j’ai vouée à ces mirmidons qui nous font tant souffrir.

Le Monde illustré (Montréal), 25 juillet 1891.

 

L’illustration est la planche qui accompagne le texte de l’abbé Ovila Fournier, Le Maringouin, tract no 37 dans la Bibliothèque des Jeunes Naturalistes, 1943. Chez le maringouin, seule la femelle pique.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Silvana #

    Ça sert à faire sacrer les chrétiens: Exquis! Et ma foi souvent bien vrai…

    29 juin 2015
  2. Jean Provencher #

    Ne sacrez pas trop, Vous devrez alors aller vous confesser.

    29 juin 2015

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS