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Décès de Gavazzi

On s’est souvenu pendant longtemps de la venue au Québec du prêtre apostat Alessandro Gavazzi. Voilà qu’en janvier 1889, on apprend son décès à Rome. Belle occasion, le 16 janvier, pour le quotidien de Québec Le Canadien de rappeler l’événement à la une sous le titre «Mort du fameux prêtre apostat».

Une dépêche de Rome nous annonce la mort de Gavazzi, le fameux prêtre apostat, dont un grand nombre de nos lecteurs n’ont sans doute pas oublié la visite à Montréal en 1853, visite qui a été marquée par une émeute et l’effusion du sang. Bien qu’il nous répugne de parler de ce prêtre apostat, cependant les événements dont il a été la cause à Québec et à Montréal nous justifieront de donner une courte esquisse de sa carrière.

Allesandro Gavazzi naquit en 1809, à Bologne, en Italie. Son grand-père était un réfugié du Portugal, bien qu’il fût de descendance italienne. Son père était un célèbre avocat, et président de la cour d’appel de Bologne. À l’âge de 16 ans, il entra dans l’ordre des Barnabites. En 1830, il; fut nommé professeur de rhétorique à Naples, et peu après à la chaire de Belles-Lettres à Livourne.

C’est peu après cette époque que le malheureux moine apostasia, après être tombé de chute en chute, tout comme son misérable confrère, [Charles] Chiniquy.

Sa visite au Canada

Sa visite au Canada a été des plus mouvementées. Débarquant à Québec le 6 juin 1853, il essaya de donner une conférence dans l’église libre. L’édifice a été assailli par une foule de catholiques indignés et l’apostat n’a pu s’échapper que grâce à la protection d’un officier qui lui sauva la vie. L’hon. George Brown qui, à cette époque, était député du comté de Kent, s’est rendu notoire à cause de la part qu’il a prise dans cette occasion. Le lendemain, M. Brown, dans l’Assemblée législative, a essayé d’amener la question devant la Chambre, mais l’Orateur décida que c’était illégal.

Son passage à Montréal

Plusieurs citoyens et clergymen de Montréal lui ayant demandé de venir dans cette ville, l’apostat s’y rendit. Le 9 juin, on annonçait qu’il devait donner une conférence à l’église «Zion» sur la côte du Beaver Hall, là où se trouvent actuellement les bureaux du Herald. On craignait beaucoup dans le temps qu’une émeute eût lieu. Ce jour-là, un régiment anglais, le 26ème, arrivait à Montréal; les soldats étaient sous le commandement du colonel Ermatinger. La grande majorité des citoyens s’étaient prononcés contre l’idée d’inviter Gavazzi à donner une conférence publique.

Le jour en question, une grande foule remplissait l’église «Zion». Vers le milieu de l’après-midi, certaines personnes armées, qui avaient pour but de protéger Gavazzi, sortirent de l’église et se mirent à faire feu sur la foule au dehors. L’un d’eux fut tué. Un cordon de troupes occupait le haut de la côte et un autre la partie inférieure. Au moment où les gens sortaient de l’église, la foule augmentait considérablement et, au moment où ceci se passait, M. Chas Wilson, le maire, qui était accompagné du commandant des troupes, lut le «Riot Act» et la foule s’écoulait paisiblement lorsqu’un individu, dont on n’a jamais su le nom, cria : «Présentez armes, feu !» Et les troupes firent feu.

Ceux qui se trouvaient en haut de la côte n’atteignirent personne, parce que les balles passèrent au-dessus des têtes de la foule; quand à ceux qui tirèrent du bas de la côte, on dit qu’ils avaient tiré haut exprès pour ne blesser personne, mais tout de même plusieurs personnes ont été atteintes. On rapporte qu’il y en eut une quarantaine. De ce nombre, vingt-six furent tués sur le champ ou succombèrent aux effets de leurs blessures.

Dans le nombre se trouvaient plusieurs femmes. Une grande excitation régnait à ce moment et les rixes entre les citoyens et la troupe devenaient tellement fréquentes, que l’on dut changer la garnison. Malgré une enquête des plus minutieuses qui dura très longtemps, on ne parvint jamais à un résultat satisfaisant.

Certains protestants ont accusé le maire Wilson d’avoir donné le mot d’ordre aux troupes, mais celui-ci l’a toujours nié énergiquement. L’affaire dans le temps a causé beaucoup de mauvais sang entre les différentes nationalités à Montréal. Gavazzi a quitté la ville immédiatement le lendemain pour le dernière fois et on l’a jamais demandé d’y revenir depuis.

 

La photographie de Gavazzi qui remonte à 1859 provient de la Lombardi Historical Collection. L’auteur est M. F. Joubert, de Bayswater West, en Angleterre.  L’image apparaît sur la page Wikipédia en langue anglaise consacrée au personnage.

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