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Le haut lieu de la contrebande de whiskey au Québec

À la fin du 19e siècle, l’île d’Orléans, dans l’estuaire du Saint-Laurent, est le premier dépôt du whiskey de contrebande qui entre au Québec. L’article du quotidien de Québec Le Canadien, du 20 novembre 1889, nous en apprend sur les manières de faire.

Nous annoncions l’autre jour qu’un employé de la douane à Montréal, M. Wolff, avait saisi la goélette «Flying Scud», appartenant à M. P. Blouin, de St Jean, Ile d’Orléans, pour transport de marchandises en contrebande. Immédiatement, les goélettes «J Fraser» et «Marie Anne» ont été saisies, car on soupçonnait les propriétaires de ces vaisseaux d’avoir aidé au «Flying Scud». La «J Fraser» appartient à M. Jos Blouin, et la «Marie Anne» à un nommé Coulombe.

La somme de $1,000 a été déposée par M. Phidelème Blouin afin de retirer le «Flying Scud» d’entre les mains des douaniers. La «J Fraser» n’ayant pas été réclamée a été vendue pour $100. Elle est très avariée. La «Marie Anne» n’est plus qu’une épave.

M. A. C. Cornelier, qui a passé quelques jours ici comme représentant du ministre des douanes et qui a pour mission de poursuivre les coupables, dit que ce qui a attiré l’attention du gouvernement, c’est que durant l’année il y a eu une baisse de 3,000 barils d’alcool dans les importations. On s’est naturellement demandé à quoi il fallait attribuer cette baisse et on est venu à la conclusion que beaucoup de whiskey était entré en contrebande.

Ce whiskey est manufacturé dans les états de la Nouvelle-Angleterre et provient de la fermentation que l’on fait subir au blé d’Inde. Il est mis dans des barils contenant 50 gallons mesure impériale, et est de 15 degrés plus fort que le whiskey canadien. Ce whiskey est sujet à un droit d’entrée de $2.00 par gallon, et coûte de 26 à 30 centins là où il est manufacturé.

Cent cinquante mille gallons ont été saisis, et si les droits avaient été payés ils auraient rapporté $390,000 au gouvernement. Le mode de procéder des contrebandiers était assez ingénieux, consistant en une série de transbordements. Cent vingt barils ont été saisis à bord du «Flying Scud». Ce whiskey représente une valeur de $13,200. Depuis, des douaniers ont été chargés de faire une razzia dans les alentours de Québec et dans la ville même. Samedi soir, on en a trouvé 150 gallons sous la paille à Sillery et depuis lundi 177 barils ont été saisis.

On en trouve partout, dans les granges, les puits, les caves, enfoui sous terre. Chez le docteur [Ulric] Bélanger, qui occupe un cottage de l’asile de Beauport, on en a trouvé trois qui avaient été cachés dans un puits.

La loi est très sévère à l’égard des contrebandiers, et cela est juste car ils font un tort considérable au négociant qui agit honnêtement. Il est un fait reconnu que l’Isle d’Orléans est le point de distribution. De là, le whiskey entré en contrebande est distribué le long de la côte.

On fait même plus. En mer, dans le golfe, les goélettes qui font de la contrebande accostent les goélettes de pêcheurs, et entre les deux capitaines il se fait un échange de whiskey contre poisson. Les contrebandiers sont passibles d’une amende équivalant à la valeur du whiskey trouvé en leur possession. Ils doivent payer cette amende ou aller en prison jusqu’à ce qu’ils aient payé.

 

Cette photographie de la vue arrière de la maison de Félix Goulet, à Saint-Pierre de l’île d’Orléans, prise par Edgar Gariépy vers 1950, se trouve à Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Les grands inventaires nationaux, Inventaire des œuvres d’art (IOA), Saint-Pierre, Montmorency – Maisons et moulins, Cote : E6, S8, SS1, SSS1156, D7729.

6 commentaires Publier un commentaire
  1. Louise Bonin #

    Je possède une toile du peintre Jean-Paul Pépin qui reproduit la maison de Félix Goulet.
    J’apprends par vos propos qu’elle est reproduite en vue arrière.
    Elle a été peinte en 1945.

    13 août 2016
  2. Jean Provencher #

    Ô bravo ! Prenez-en soin ! Ces traces sont importantes !
    Merci beaucoup de votre mot !

    13 août 2016
  3. Lynn Gagnon #

    Bonjour!J’ai les quatres saisons de Jean Paul Pépin.Es ce que ca de la valeur?

    30 mai 2017
  4. Jean Provencher #

    Malheureusement, chère Lynn, je ne connais pas cet ouvrage.

    30 mai 2017
  5. Merci pour cet article, je suis l’arrière petite fille de Félix Goulet propriétaire de la maison sur la photo :) C’est toujours intéressant d’apprendre sur notre histoire, merci encore :)

    18 juin 2019
  6. Jean Provencher #

    Merci, chère Madame Goulet. J’adore quand une personne retrouve sur mon site la présence d’une ou d’un des siens dans l’histoire. Merci beaucoup.

    Cordiales salutations.

    18 juin 2019

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