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Une coutume étrange

Jamais je n’avais entendu parler de cette manière de faire, apportée, semble-t-il, par les Chinois en Amérique. L’hebdomadaire L’Écho des Bois-Francs du 22 mai 1897 dit la trouver bizarre. Un curé la dénonce d’ailleurs.

D’où vient cette étrange coutume, qui n’est pas encore très en vogue au Canada, mais qui pourrait bien le devenir si l’on n’y met un frein, consistant à répandre en assez grande quantité du riz autour des mariés, de semer sur leurs pas ces «intéressantes graminées qui blanchissent des Chinois les campagnes fécondes» !

Les personnes qui croient à la vertu magique du riz pour prémunir les jeunes mariés de malheurs futurs seraient tous les premiers bien en peine d’en donner l’origine. Disons que cette coutume nous vient de Chine, qu’elle a été importée à New-York, pour de là passer à Montréal. Elle est en vogue surtout chez les protestants; mais on remarque qu’elle tend à se généraliser même chez les catholiques.

C’est contre cette étrange superstition, qui menace de devenir un abus, que M. le curé Auclair s’est fortement élevé dimanche dernier à l’église St-Jean-Baptiste. Il a constaté que l’on ne se contentait pas de verser du riz dans les allées et dans les bancs de l’église, mais que même la sacristie, où les mariés se rendent après la messe, ne trouvait grâce devant ces semeurs enragés.

À l’avenir, dit-il, je défends formellement cette coutume. Répandez en aussi grande quantité que vous le jugerez à propos du riz sur le trottoir, dans les voitures, partout, mais respectez l’église. Et si j’avais un conseil à donner aux personnes qui tiennent à leur riz, je leur dirais : «Gardez-le donc pour vous faire une bonne soupe, ça vous sera plus profitable».

Il pourrait s’agir d’une bien vieille coutume remontant à une époque lointaine, celle avant l’invention des religions, où les personnes présentes souhaitent ainsi fécondité aux nouveaux épousés. Au 20e siècle, on utilisera des confettis.

Oups, deux ans plus tard, voilà qu’on glisse vers les confettis. Sous le titre «Un joli mariage», L’écho des Bois-Francs du 6 mai 1899 écrit : Immédiatement après la messe, les jeunes époux se rendirent chez Mme Rainville, où un somptueux déjeuner fut servi. À onze heures à la gare de Victoriaville, les parents et beaucoup d’amis s’étaient rendus pour souhaiter un bon voyage à l’heureux couple. Si on peut présager le bonheur par la pluie de riz et de confettis lancés sur les époux à l’instant du départ, nous avons lieu de croire que rien ne manquera pour faire de ce couple une union parfaite. Nos souhaits les accompagnent.

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