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Graves secousses à San Francisco en 1906

La ville de San Francisco, en Californie, voisine la faille de San Andreas, où se rencontrent les plaques tectoniques du Pacifique et de l’Amérique. Voilà qui rend donc la région très vulnérable aux tremblements de terre. Le 18 avril 1906, un choc de magnitude 8,2 frappe la ville, faisant 3 000 morts et 500 millions de dollars de dégâts.

Un Montréalais habitant San Francisco écrit à ses parents quatre jours après l’événement. Le journal La Patrie publie la lettre le 1er mai 1906.

Monsieur Christophe Gamache, constable de la ville de Montréal, vient de recevoir une lettre de son fils Joseph, établi à San Francisco depuis quelques mois.

M. Gamache entretenait les plus sérieuses craintes sur le sort de son fils et de la famille de celui-ci. Aussi fut-il comblé de joie par la réception de cette lettre, écrite à la hâte, au crayon, mais peignant sur le vif le désarroi de la malheureuse ville au premier moment.

 

San Francisco, 22 avril 1906

Chers Parents,

Je vous aurais écrit tout de suite après le tremblement de terre, mais il n’y avait pas de communications postales. Je suppose que vous avez lu les journaux; ils ne peuvent exagérer la situation.

C’est une expérience que je ne vous souhaite jamais.

Ma petite famille est bien; nous avons pu nous sauver tous vivants et c’est déjà beau, car nous étions logés au centre même du désastre. Tout le monde courait dans la rue, mais plusieurs qui n’ont pas eu le temps de prendre la fuite ont été écrasés. Il y a dans le sol des crevasses assez larges pour engloutir une maison.

Nous sommes actuellement nourris par le Gouvernement. On couche dans les rues et les parcs. Il y a chaque jour morts d’hommes par le fusil ou le pistolet.

Il y a eu, au commencement, beaucoup de pillage, mais ensuite les pillards qu’on trouvait en flagrant délit étaient tués sur le champ. Les soldats nous forcent de leur prêter assistance pour maintenir la paix et ensevelir les morts. Tout refus est puni de mort. Je suis réquisitionné pour retirer les cadavres. Ça commençait à empester dans le quartier détruit.

Il fait bien beau, c’est la seule chance que nous avons dans notre malheur. Des voitures passent, chargées d’aliments, les affamés se jettent dessus comme des sauvages, ma femme, mon enfant et moi, nous faisons comme les autres.

Que Dieu nous vienne en aide !

Joseph Gamache
No 1717, 18me Avenue
San Francisco

 

La photographie de l’hôtel de ville de San Francisco prise 48 heures après le tremblement de terre apparaît dans la page Wikipédia consacrée à cette tragédie.

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