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«Incendie en miniature»

Le 11 mai 1904, le journal montréalais La Patrie propose ce titre-là à la une. Scène de la vie quotidienne dans une rue de la métropole.

Un incendie, entouré de circonstances peu ordinaires, s’est produit, hier après-midi, un peu avant quatre heures, rue Ste-Catherine, au coin de la rue St-Charles-Borromée.

Une voiture simple, à un seul cheval, appartenant à la maison Renaud, King et Paterson, fabricants de meubles, se dirigeait vers l’ouest. Elle était chargée d’une vingtaine de chaises Morris non encore bourrées. La charge était recouverte d’une immense toile enveloppante pour la protéger contre la poussière.

Le conducteur de la voiture conduisait son cheval au petit trot, lorsque, tout à coup, il se vit interpellé par M. E. L’Espérance, plombier de la rue Ste-Catherine, l’avertissant de déguerpir de son siège, que ses chaises flambaient.

De fait, il ne fut pas lent à le constater. La toile était déjà disparue et les montures des chaises Morris, toutes fraîches vernies, crépitaient sous le feu.

M. L’Espérance, qui avait plus raison que le charretier de garder son sang-froid, pensa aussitôt au sauvetage. Possesseur d’un boyau à incendie, il s’en empara et traversa la rue pour aller l’assujettir à une conduite d’eau installée dans l’établissement de carrosserie de MM. Bédard et Major, en face, pendant que le cheval, effrayé par les flammes et déjà incommodé par la chaleur, était fermement maintenu en place par son conducteur.

Nos pompiers improvisés dirigèrent leur seul jet d’eau sur le brasier qu’ils réussirent, non sans difficultés, à éteindre.

Les chaises sont presque une perte totale, quelques-unes cependant pourront être réparées, elles n’ont perdu que le vernis qui les recouvrait.

L’origine de cet incendie peu ordinaire en pleine rue ne peut s’expliquer que par une imprudence d’un passant qui aurait jeté un cigare ou une allumette encore en ignition sur la toile recouvrant les meubles.

Le conducteur de la voiture a pu continuer sa route vers la maison Renaud, King et Paterson, avec les débris de ses chaises, non sans avoir remercier M. E. L’Espérance du service rendu en éteignant les flammes et en sauvant du péril son cheval menacé.

 

La photographie de la chaise Morris est de Upholstery and much more! (Katherine Esposito) sur Flickr.

Enfant, on vit des moments attachants qui nous structurent, puis nous demeurent en tête toute la vie. À l’école primaire, après la classe, j’avais l’habitude de m’arrêter en fin d’après-midi chez ma grand-mère maternelle, veuve et vivant seule, qui me gardait à souper. J’entends encore sa radio qui proposait de la musique country. Et, alors qu’elle préparait le repas et me posait des questions sur ma journée, je profitais de son impressionnant fauteuil Morris, qui était berçant. Un grand bonheur de baigner dans une pareille atmosphère. Je me sentais tant aimé, si unique.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. mc.lapierre #

    Afin de renouer avec votre grand bonheur et de baigner à nouveau dans une atmosphère de plénitude, je vous suggère l’écoute de la chanson Mille après mille interprétée par Fred Pellerin. Je vous garantis le sourire aux lèvres.

    9 mai 2013
  2. Jean Provencher #

    Vous avez bien raison, bien chère Vous. J’adore. J’ai même le disque et je prends plaisir à l’utiliser sur ma route en auto.

    9 mai 2013

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