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« Dépouilles opimes »

La rivalité entre les villes de Québec et de Montréal remonte à plus de 300 ans. Et, au fil du temps, elle a pris toutes les couleurs.

Le 8 février 1902, sous le titre de «Dépouilles opimes», un chroniqueur de La Patrie, journal montréalais, se moque des gens de Québec.

Ces bons Québecquois ont eu cette semaine une distraction qui, pour ne pas avoir été inscrite au programme du carnaval, n’en était pas moins des mieux réussies.

À quoi pensez-vous, par exemple, que les promeneurs qui ont l’habitude d’aller humer, au petit matin, l’air de la Terrasse — histoire de se creuser l’estomac, pour le «scotch» de rigueur au Frontenac — aient bien pu passer leur temps ces jours derniers ? Nous le donnerions en cent, en mille, que vous n’y arriveriez jamais. Autant vous le dire tout de suite. Ils cherchaient des… jarretières.

N’allez pas croire que nous voulons nous payer votre tête. C’est très sérieux, et voici l’explication.

Du haut de la citadelle dévale vers la Terrasse une glissade merveilleuse, la plus courue de la capitale, et qui a obtenu toute cette semaine un succès fou parmi les amateurs du «toboggan». C’est surtout le soir qu’on s’est livré à ce sport. Il faut croire qu’il réserve à ceux, ou plutôt à celles, qui s’y livrent, de véritables émotions, car, à chaque lendemain matin, les curieux trouvaient, dans les sillons des «toboggans», de quoi y faire une ample cueillette de jarretières.

Et ce qu’on en a trouvé, au milieu d’autres menues dépouilles opimes ! De quoi monter, paraît-il, un véritable musée. Jarretières de grandes dames, en soie avec boucles d’or et d’argent; jarretières solides de bonnes ménagères, à agrafes en nickel ou en acier; jarretières de petites pensionnaires, tirebouchonnées en ficelles, sans souci du qu’en dira-t-on ! Et toute la gamme : rouge et rose, saphir et turquoise, orange et citron ! … On parle maintenant d’instituer un nouvel Ordre de la Jarretière, à Québec.

Ah ! pauvres déshérités que nous sommes, à Montréal !

Dépouilles opimes ? Selon le Petit Robert (2007), il s’agirait des dépouilles d’un général ennemi tué par un général romain et que ce dernier remportait. Au sens figuré : Riches dépouilles, riche profit qu’on recueille comme un butin.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Nicole D. #

    J’en apprends encore ce matin. Étrange tout de même que l’on puisse perdre ses jarretières en descendant. Faut croire que ça brassait pas mal. Le mot opimes m’était aussi inconnu. Merci Jean.

    9 février 2012
  2. Jean Provencher #

    Bien oui, Nicole. Comme s’il s’en passait des bonnes dans cette longue glissade en plein cœur de la ville.

    9 février 2012

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