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À Rimouski, on bat et on chasse

Depuis la fin de l’été, les gerbes de céréales reposent dans la grange. Elles ont eu le temps de s’assécher. Il faudra bien maintenant se décider à les battre pour en extraire les grains. La paille pour les animaux va manquer bientôt et les réserves de farine baissent. À la première journée froide donc, on commence le battage. Le grain se bat mieux par temps froid que par temps doux. Il se sépare mieux de la paille et de la balle.

Dans la grange, on recouvre le plancher de la batterie d’une grande toile pour éviter que les grains ne tombent dans les entre-deux et place au battage avec le fléau, appelé souvent flo dans les campagnes.

Cet instrument, dont l’origine est obscure, viendrait des pays du nord de l’Europe et serait vieux de 2 000 ans. Deux morceaux de bois sont liés solidement avec de la peau d’anguille, le cuir le meilleur, dit-on, pour cet outil. Le manche, appelé maintien, est d’un bois léger, du hêtre, par exemple, ou du merisier, alors que la batte, la partie plus grosse et plus pesante, est d’érable, un bois dur et résistant.

Allez, taisons-nous, laissons le batteur travailler en paix. Il sera toujours temps par la suite d’aller à la chasse. Voici ce que nous dit le correspondant du journal Le Soleil, à Rimouski, le 25 octobre 1905 :

Le battage des grains est commencé. La moyenne des rendements est magnifique. Les avoines et les blés sont d’une qualité supérieure. Les belles journées que nous avons eues ont permis aux cultivateurs de terminer la récolte des légumes et des fruits. Suivant le vieux dicton rural, ils ont mis le soleil en grange. […]

La chasse est près de finir. Le passage des oiseaux migrateurs est encore abondant, mais le tir à l’affût est bien plus difficile. Le gibier est fuyard; il s’effarouche à la moindre alerte. Il se tient au large et ce n’est qu’après les nuits de grands vents que les appelants le font atterrir. Pour l’abattre, nos vétérans du fusil sont obligés de le tirer au loin à hauteur en plein vol. Inutile de dire que les néophytes reviennent souvent le carnier vide.

Un carnier ? Une petite carnassière, un petit sac servant au chasseur pour porter le gibier.

La magnifique gravure du batteur, non signée, provient du journal La Patrie du 4 octobre 1902 et serait d’Henri Julien. Merci à l’ethnologue Bernard Genest pour l’identification du dessinateur.

 

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