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Nancy Huston, sur l’amour

L’écrivaine d’origine canadienne Nancy Huston a publié en 2008 un livre étonnant, L’Espèce fabulatrice, sur l’espèce humaine. Nous y reviendrons.

Mais échappons d’abord quelques-unes de ses lignes sur l’amour extraites de cet ouvrage.

Les fictions sont violentes ; elles engendrent la mort.

Mais elles sont aussi fécondes et belles ; elles engendrent l’amour.

C’est parce que nous concevons, pensons, rêvons, inventons, racontons inlassablement amour et haine que nous sommes humains.

Ainsi l’amour existe-t-il aussi réellement que la haine : parce que l’imagination existe réellement.

Aimer et se sentir aimé nous transforme. Cela nous améliore, et cela améliore nos performances.

Sur ce plan, que l’amour nous unisse à Dieu ou à l’un de nos congénères ne fait pas beaucoup de différence.

La bonne amie du tennisman français lui lance un regard doux au moment décisif : il remporte le match. Le tennisman brésilien tripote la croix en or qu’il porte autour du cou : il remporte le match.

L’amour a gagné.

Sous toutes ses formes, l’amour est une histoire que l’on se raconte pour rendre la vie vivable.

Une fois de plus, dire que c’est une histoire ne veut pas dire que cela n’existe pas (les histoires existent) ni que c’est un mensonge (puisqu’on y croit).

Comme tant d’autres fictions humaines, l’amour est source de récits qui deviennent notre réalité.

Je ne nie pas que ton chien t’aime, je nie qu’il pense je t’aime. Ne disposant ni d’un je ni d’un tu, il ne peut concevoir l’amour.

Un bébé non plus ne peut concevoir l’amour. L’enfant humain : un chiot, un chimpanzé, en train de se surpasser grâce à la fiction.

 

Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice, Arles, Éditions Actes Sud, 2008, p. 135-137.

Merci beaucoup chère Mylène, pour cette piste.

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