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Le lendemain de la Saint-Jean, Le Canadien revient sur la fête nationale

Extrait.

Les Canadiens-français ont chômé hier leur fête nationale avec autant d’enthousiasme que les années précédentes, malgré une température peu favorable. Cet enthousiasme ne doit pas surprendre nos compatriotes d’origine étrangère car la Saint-Jean-Baptiste est une fête canadienne dans toute l’acceptation du mot, et sa célébration remonte aux premiers jours mêmes de l’établissement de cette colonie.

C’est en ce grand jour que nous apprenons à mieux nous connaître, à resserrer nos rangs et à puiser au pied de nos autels la force nécessaire pour combattre les bons combats et pour lutter pour la défense de nos institutions, de notre langue et de nos lois, suivant la noble devise de notre journal.

C’est cette force chrétienne qui a fait du peuple Canadien-français un peuple grand, heureux et prospère. C’est cette force chrétienne qui nous fait surmonter les obstacles presque insurmontables que nous avons rencontrés dans le cours de notre vie nationale. C’est encore cette force chrétienne qui nous fera arriver sûrement au port de la véritable patrie.

Notre union, fruit de notre force chrétienne, a eu des résultats presque merveilleux. En effet, jetons un coup d’œil rapide sur le passé. Lorsque le Canada a été cédé en Angleterre [sic], en 1763, nous n’étions qu’une poignée — 60,000 au plus — et nous étions disséminés dans les différentes parties de la Nouvelle-France. Comprenant toute l’étendue du malheur dans lequel nous avions été plongés par l’insouciance et l’oubli de notre ancienne mère-patrie, nous nous sommes mis à l’œuvre avec courage.

Nous nous sommes emparés du sol ; nous avons reculé les bornes de la forêt ; nous avons ouvert des routes en tous sens ; nous avons établi des paroisses ; nous avons fondé des villes ; nous avons construit d’humbles chapelles qui ont fait bientôt place à des temples vastes et somptueux. En un mot, nous avons fait la province de Québec.

 

Le Canadien (Québec), 25 juin 1887.

Ce texte est tout simplement incroyable. Il mériterait d’apparaître dans une anthologie sur ce que nous sommes. Un psychanalyste nous dirait que nous y lisons toute la confusion, tout l’écartèlement que peut vivre dans sa tête un Québécois de langue française en 1887. Et tout cela recouvert de l’immense pouvoir l’Église catholique. C’est troublant.

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