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Pourquoi la mer change-t-elle de couleurs ?

C’est là une question qui nous a taraudés pendant bien longtemps.

Un quotidien de Québec en parle.

D’après un écrivain de la « Science pour Tous », les changements de couleurs de la mer ont, des temps primitifs, attirés l’attention des navigateurs ; quittant la Méditerranée pour s’aventurer dans l’Atlantique, les Phéniciens en furent frappés de stupéfaction. Colomb, à la recherche des Antilles, en fut étonné et ses compagnons épouvantés ; ces changements ne sont pas moins une surprise pour le navigateur moderne, pour qui il reste encore un champ assez étendu d’explorations.

De nombreuses théories ont été offertes pour expliquer ces changements, quelques-uns les attribuant à la couleur variée du fond de la mer, d’autres à la différence de profondeur des eaux, d’autres à la présence de certaines substances colorantes, d’autres enfin à la composition chimique de l’eau.

La plupart de ces suggestions contenaient un fond de vérité, quoiqu’aucune d’elles considérée en elle-même n’ait suffi pour démontrer ces changements de couleur qui ont été observés dans des trajets très courts, et même sur un parcours moindre que la longueur d’un navire.

Pendant les années qui viennent de s’écouler, faits connus du lecteur de nombreuses expéditions scientifiques ont été organisées par les gouvernements d’Angleterre, de Norvège, d’Allemagne et d’Amérique pour résoudre le problème de la profondeur. Une solution satisfaisante dernièrement obtenue pour quelques-uns de ces problèmes a eu le double effet de jeter un rayon de lumière sur les causes qui affectent la couleur de la mer dans toutes les parties de l’Océan complétant ainsi les informations que nous devions aux recherches non aidées des navigateurs plus jeunes.

L’un des contrastes de couleur le plus remarquable et le plus répandu est celui qui existe entre les immenses mers bleues situées entre les Tropiques et les mers vertes des latitudes plus élevées. Il semble d’après les résultats d’observations récentes et spécialement d’après une série d’expériences faites à bord de la frégate allemande La Gazelle, qu’une relation  intime existe entre les couleurs de la mer et la quantité de sel qui s’y trouve en dissolution.

En comparant le poids spécifique de l’eau verte à celui de l’eau bleue, on a découvert que celle-ci est toujours plus pesante que celle-là et par conséquent renfermait plus de sel, la température des deux eaux de différentes couleurs étant supposé être la même.

En d’autres termes, la couleur plus ou moins foncée de l’eau de mer peut être considérée comme déterminant directement son degré de salaison et son poids spécifique ; par conséquent lorsque nous observons que la couleur de l’eau change successivement d’un bleu foncé à un vert bleu et à un vert foncé, nous pouvons conclure que l’eau est devenue à la fois moins salée et plus légère.

Ces résultats concordent avec l’expérience des navigateurs dans toutes les parties de l’océan, parce que, lorsque les navires se dirigent des eaux épaisses et salées des régions tropicales vers celles plus légères et plus fraîches des latitudes plus élevées et des régions polaires, on s’aperçoit que l’eau d’un bleu intense devient de couleur bleu-vert et vert foncé.

Il y a toutefois de nombreuses exceptions ; on rencontre des mers bleues dans les régions tempérées et même dans le cercle arctique ; mais ces exceptions, loin d’être contradictoires à la règle précédente, lui donnent au contraire plus de force.

 

Le Canadien (Québec), 25 juin 1886.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Hélène #

    Je croyais donc à tort que la couleur de l’eau était en relation avec l’azur…
    C’est plutôt le degré de salaison, eh bien!

    21 juin 2018
  2. Jean Provencher #

    Il faut cependant être prudent à ce sujet, l’article remonte aux années 1880.

    21 juin 2018

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