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Quand Hermann Hess était aussi poète

L’œuvre de ce romancier, essayiste, et peintre (1877-1962) né en Allemagne et obtint la nationalité suisse en 1924, connut une véritable renaissance au cours des années 1960 et 1970. On s’échangeait ses ouvrages comme Siddhartha (1922), Le Loup des steppes (1927), Narcisse et Goldmund (1930) et Le Jeu des perles de verre (1943).

Peu savaient qu’il fut aussi poète. Voici.

 

 

 

 

Temps de pluie

 C’est le chant de la pluie et j’écoute en silence

À longueur de journée et durant mainte nuit

Ce lent ruissellement qui toujours recommence,

Se balance, rêveur, avec le même bruit.

 

Jadis, bien loin d’ici, venait à mon oreille

La musique chinoise et son doux glissement,

Chant de grillon aigu, note toujours pareille,

Air semblable et pourtant à chaque instant charmant.

 

Ô chanson des Chinois, musique de la pluie,

Murmure de cascade ou tumulte des mers,

Qui m’attire vers vous, quelle est cette magie

Qui m’entraîne à nouveau dans ce vaste univers ?

 

Votre âme, c’est cette éternelle mélodie

Hors du temps, qui jamais ne change de valeur,

Dont nous avons trop tôt dû laisser la patrie

Et dont toujours l’écho brûle dans notre cœur.

 

* * *

La Flûte

Maisons, la nuit, dans les branchages ;

Fenêtre où luit un doux reflet.

Invisible au fond des ombrages,

Là-bas un flûtiste jouait

 

Une très vieille mélodie

Dont l’air dans la nuit parvenu

À chacun disait sa patrie

Et tous les chemins parcourus.

 

C’était le sens secret du monde

Dans ce souffle se transposant ;

Il fallait que le cœur se fonde ;

Le temps entier était présent.

 

Hermann Hess, Musique, traduit par Jean Malaplate, Édition établie par Volker Michels, Paris, Éditions José Corti, 1997, p. 79, 196.

Merci, Éric, pour le prêt de ce livre.

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