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À la fin du 19e siècle, la langue française est la langue commune en Occident

Le quotidien montréalais La Patrie fait sa une d’un article du New York Sun.

« La connaissance de la langue française est particulièrement utile, en ce moment, à ceux des New-Yorkais qui ont le désir de prendre langue avec les officiers des navires de guerre étrangers actuellement à New York. À part les officiers anglais, c’est à peine si quelques-uns d’entre eux comprennent un mot de notre langue ; mais, en revanche, presque tous parlent le français.

« On parle le français à bord des navires russes et allemands, italiens et brésiliens, hollandais et espagnols, à bord des bâtiments de la République Argentine, et, naturellement, à bord des navires français. On parle encore le français à bord des navires anglais et américains ; on le parle jusque sur le gaillard d’arrière des caravelles de Christophe Colomb !

« Les officiers russes s’expriment dans cette langue avec  autant d’élégance que s’ils étaient nés en France même ; les officiers allemands et, ce qui est étrange à constater, les officiers hollandais ne parlent pas mal le français, en vérité ; les officiers brésiliens l’assaisonnent d’une sorte de piment d’un léger accent portugais ; quant aux Espagnols et aux Argentins, ils parlent assurément mieux que bien des Français de certaines provinces.

« Mais si tous ces officiers donnent, en s’exprimant en français, l’illusion qu’ils parlent leur propre langue ; les officiers anglais et, avec eux, les officiers américains trahissent à chaque mot leur origine anglo-saxonne. Nous devons cependant faire une exception en faveur du vice-amiral sir John Hopkins et du contre-amiral Gherardi. L’un et l’autre possèdent le pur français des boulevards de Paris ; et ils le parlent dans la perfection [sic].

« On voit par là que le français est bien réellement la langue vivante la plus utile à connaître lorsqu’il s’agit d’entrer en relation à la fois avec les représentants des différentes nations du globe. C’est la langue qui rendra le plus de services au voyageur en Europe et partout ailleurs. C’est d’ailleurs la langue diplomatique dans le monde entier, et même en Chine. N’est-il, pas intéressant de constater que, parmi les officiers des nombreuses puissances étrangères représentées à New-York en ce moment, à peine un petit nombre est capable de comprendre l’anglais, tandis que la presque totalité de ces officiers comprend et parle le français ?

« Notre langue a des qualités évidentes : elle est forte, dure, heurtée et énergique, mais, après tout, elle n’est pas à beaucoup près aussi nécessaire au voyageur que le français qui est une langue polie, poétique en même temps que précise et harmonieuse ; une langue qui a été écrite par Froissart, Montaigne, Condorcet, Le Sage, Balzac, Cuvier, La Place, Sainte-Beuve, Châteaubriand, pour ne citer que ces quelques noms illustres. Nous accordons que toutes les langues ont leurs mérites propres, mais le français, comme langue universelle à l’usage des voyageurs, des diplomates et des marins, nous le répétons, est la langue par excellence. Nous la saluons de tout notre respect. »

 

Reproduit dans La Patrie (Montréal), 2 mai 1893, p. 1.

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