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Bientôt, le recommencement

On meurt d’impatience à Montréal.

Personne ne regrettera l’hiver de 1907, ni même les trois premières semaines d’avril, tant ces périodes ont été rigoureuses.

Ainsi l’ouverture de la navigation aura-t-elle un charme tout nouveau pour les citoyens de Montréal et des paroisses riveraines du Saint-Laurent.

Dans quelques jours, notre port national — depuis trop longtemps silencieux — sera éveillé par les cris stridents de bateaux à vapeur pavoisés.

L’arrivée du premier steamer de la saison sera saluée par les acclamations de la foule massée sur les quais. On félicitera l’heureux capitaine qui échangera de chaudes poignées de mains avec ses amis.

La population montréalaise éprouve toujours une joie indicible à voir s’ouvrir la navigation. Comme notre beau fleuve, elle semble renaître au printemps.

La tempête de vent et la crue subite des eaux, samedi matin, ont chassé de notre rive l’énorme amas de glaces flottantes. Le port est enfin libre sur toute son étendue.

La débâcle s’est effectuée une semaine plus tard que l’an dernier, et elle a laissé après elle des vestiges qui entameront le trésor de la commission du Port, si un soleil chaud ou une pluie bienfaisante ne vient pas débarrasser les quais à bas niveau — depuis les élévateurs du Pacifique [silos à grains] à la jetée Tarte — des morceaux de glace, qui y sont entassés.

Comme les années précédentes, la jetée Victoria n’a pas été épargnée, mais le nettoyage de cette jetée sera moins coûteux qu’au printemps de 1905, alors qu’il avait fallu employer une centaine d’hommes pendant une semaine et se servir de pelles à vapeur. […]

Les bateaux-traversiers « Boucherville » et « Longueuil » en hivernement aux îles de Boucherville sont attendus dans notre port mercredi ou jeudi, à moins que le chenal du sud ne soit pas encore libre de glace. Toute la rive, à Longueuil, est couverte de glace sur une largeur de 150 verges.

La rive nord du fleuve et le chenal sont complètement ouverts depuis le pont Victoria jusqu’au bas de la Longue-Pointe. Tout danger d’inondation est disparu, la hauteur de l’eau n’étant que de sept pieds au-dessus du niveau ordinaire en été.

Hier après-midi, les glaces étaient bloquées à la Pointe-aux-Trembles [en aval de Montréal], et on attend un mouvement général aujourd’hui.

Quelques remorqueurs de la commission du Port sont sous vapeur. Ils brisent le pont de glace du bassin Alexandra et poussent les gros glaçons dans le chenal Sainte-Marie [là où rarement la glace se forme en hiver].

Le canal Lachine a été nettoyé à fond, et on remplira les écluses ces jours-ci.

 

La Patrie (Montréal), 22 avril 1907.

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